La tradition spirituelle guélougpa
lundi 2 mai 2005 par Webmestre
Fondée par Atisha, la tradition Kadampa, fut une source d’inspiration fondamentale pour le développement de la tradition Guéloug établie au XIVe siècle par Djé Tsongkhapa (1357-1419). Djé Tsongkhapa est né dans la région du Tsongkha dans la province de l’Amdo. A l’âge de trois ans, il reçut du IVe Karmapa, Rolpé Dordjé, l’ordination de base complète et le nom de Kounga Nyingpo. A sept ans, il prit les vœux de novice avec son maître, Tchödjé Dhondup Rintchèn, qui le rebaptisa Lobsang Drakpa. Quoique très jeune encore, on lui transmit les enseignements et les initiations de Hérouka, de Yamantaka et de Hévajra, et il savait même déjà par c¦ur des textes tels que la Litanie des noms de Mandjoushri.
Dans sa quête de connaissance, Tsongkhapa entreprit de nombreux voyages, et il étudia auprès de maîtres de toutes les traditions en commençant par Tchènnga Tchökyi Gyélpo dont il reçut des enseignements relatifs à des sujets tels que l’esprit d’éveil et le Grand Sceau (Mahâmoudra). Il étudia aussi les traités de médecine de Köntchok Kyab à Drikoung.
A Nyéthang Déwatchèn, il se pencha sur les Joyaux de la réalisation claire et la Perfection de la sagesse et, comme il excellait dans les joutes dialectiques, il devint célèbre pour son érudition. Il se rendit aussi à Sakya où il fut formé à la discipline monastique, à la phénoménologie, à la cognition effective, à la Voie du Milieu et à la pratique de Gouhyasamadja sous la direction de lamas tels que Kashipa Losèl et Rèndawa. On lui transmit aussi les Six Doctrines de Naropa, Kalatchakra, le Mahâmoudra, la Voie et son Fruit, Tchakrasamvara et de nombreux autres enseignements qu’il communiqua par la suite à ses disciples.
En plus de ses études et de son activité d’enseignement, il s’engagea dans des retraites intensives de méditation. Sa plus longue retraite fut celle de Wolkha Tcholoung qui dura quatre ans pendant lesquels il vécut en compagnie de huit de ses disciples les plus proches. On dit qu’il effectua des millions de prosternations, d’offrandes du mandala et d’autres formes de pratiques de purification. Tsongkhapa avait souvent des visions de déités de méditation et surtout de Mandjoushri avec lequel il pouvait communiquer afin d’obtenir des éclaircissements sur les aspects les plus profonds des enseignements.
Tsongkhapa étudia sous la direction de plus d’une centaine de maîtres, il pratiqua de façon intensive et donna des enseignements à des milliers de disciples, en particulier dans les régions centrale et orientale du Tibet. Il rédigea aussi de nombreux textes et ses ¦uvres complètes regroupées en dix-huit volumes contiennent des centaines d’écrits relatifs à tous les aspects des enseignements bouddhistes. Ces écrits clarifient notamment certains des sujets les plus complexes des enseignements du Soutrayana et du Mantrayana. Parmi ses ¦uvres les plus importantes on trouve : La Grande présentation des étapes du chemin (Lam-rim chen-mo), La Grande présentation des Tantras (sNGag-rim chenmo), L’Essence de l’éloquence relative aux enseignements interprétatifs et définitifs (Drnng- nges legs-bshad snying-po), L’Éloge de la relativité (rTen-’brel bstodpa), La Présentation claire des cinq étapes de Gouhyasamadja (gSang-’dus rim-lnga gsal-sgron) et Le Rosaire d’or (gSer-phreng). Gyéltsab Dharma Rintchèn (1364-1432), Khédroub Guélèg Pélsang (1385-1438), Gyalwa Guèndün Droup (1391-1474), Djamyang Tchödjé Tashi Példèn (1379-1449), Djamtchèn Tchödjé Shakya Yéshé, Djé Shérab Sèngué et Kounga Dhondoup (1354-1433) comptent parmi ses disciples.
Le vingt-cinquième jour du dixième mois du calendrier tibétain, Tsongkhapa mourut à l’âge de soixante ans après avoir confié le trône de Gandèn à Gyéltsabdjé. Ce fut ainsi que débuta une tradition qui se poursuit encore aujourd’hui, alors que le quatre-vingt dix-neuvième détenteur du trône de Gandèn, le Vénérable Yéshi Dhondoup, est à la tête des Guélougpa.
Au Tibet, le monastère Guélougpa de Gandèn fut fondé par Tsongkhapa lui-même en 1409 et fut divisé en deux facultés : celle de Shartsé et celle de Djangtsé. Djamyang Tchödjé Tashi Példèn fonda le monastère de Drépoung en 1416. A une certaine époque, ce monastère connut une division en sept branches, mais celles-ci furent par la suite regroupées en quatre facultés : Loseling, Gomang, Déyang et NGapa. Quoi qu’il en soit, il ne compte plus à l’heure actuelle que deux facultés : celles de Drépoung et de Gomang. Un autre des fils spirituels de Tsongkhapa, Djamtchèn Tchödjé Shakya Yéshi, établit le monastère de Séra en 1419. Séra comptait lui aussi à l’origine cinq branches qui furent ensuite regroupées en deux facultés : celle de Séra-Djé et celle de Séra-Mé. En 1447, Gyalwa Guèndün Droup, le IerDalaï-Lama, fonda à Shigatsé le monastère de Tashi Lhounpo qui devait devenir le siège des Pantchèn Lamas. Tashi Lhounpo comptait à l’origine quatre facultés.
L’Université tantrique, Gyoumé, fut fondée par Djé Shérab Sèngué en 1440, alors que l’Université tantrique supérieure, Gyoutö, ne fut édifiée par Gyoutchèn Kounga Dhondoup qu’en 1474. Chacune des grandes universités monastiques des environs de Lhasa (Gandèn, Drépoung et Séra) pouvait rassembler cinq mille moines à la fois et chaque faculté tantrique comptait au moins cinq cents étudiants. Des jeunes gens venaient des trois régions du Tibet pour s’y inscrire en tant que moines afin de recevoir une éducation et une formation spirituelles. La tradition Guéloug insiste, en effet, particulièrement sur la place centrale qu’elle confère à l’éthique telle qu’elle s’exprime au travers de la discipline monastique, car elle y voit la base idéale de l’éducation et de la pratique religieuses. Il s’ensuit que la plupart des lamas Guélougpa sont moines et qu’il est très rare de rencontrer un maître Guélougpa laïque. De plus, la tradition Guéloug considère que des études poussées sont une condition nécessaire à une pratique constructive de la méditation. C’est pourquoi les enseignements relatifs aux Soutras et aux Tantras y font l’objet d’une analyse rigoureuse qui prend la forme de joutes dialectiques.
En général, le programme des études dans la tradition Guéloug comprend les cinq matières principales que sont la Perfection de la Sagesse, la Philosophie de la Voie du Milieu, la Cognition effective, la Phénoménologie et la Discipline monastique. Ces cinq matières font l’objet d’une étude dialectique méticuleuse qui se base sur des textes indiens et leurs commentaires indiens ou tibétains. D’une manière générale, chaque tradition monastique possède, du reste, des manuels qui lui sont propres. Les études d’un moine durent de quinze à vingt ans et, à la fin de sa formation, il reçoit l’un des trois titres associés à celui de Guéshé (docteur ès philosophie bouddhiste) : Dorampa, Tsorampa ou Lharampa, le titre de Guéshé Lharampa étant le plus haut qu’un moine puisse obtenir.
S’il le désire, le Guéshé peut ensuite entrer dans l’une des facultés tantriques pour étudier les Tantras et parachever ainsi ses études conventionnelles. Il peut aussi retourner dans le monastère d’où il vient afin d’y enseigner ou encore effectuer une retraite afin de se livrer à une méditation intensive. Un moine qui a achevé ses études de Guéshé est considéré avec respect comme un maître spirituel pleinement qualifié, faisant autorité et à qui l’on doit estime et dévotion.
Cette tradition a survécu à l’exil et elle est toujours aussi vivante. Les principaux monastères Guéloug (Séra, Drépoung, Gandèn et Tashi Lhounpo) ainsi que l’Université tantrique Gyoumé ont été recréés dans plusieurs des camps tibétains du Karnataka en Inde. L’Université tantrique supérieure Gyoutö a, pour sa part, été réinstallée à Bomdila dans l’Anouratchal Pradesh, en Inde également.
Source : Choyang
Traduction : Philippe Arribet
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