La pratique de la torture sur les prisonniers politiques est endémique dans la prison de Chushul
dimanche 23 décembre 2012 par Rédaction , Monique Dorizon
Des Tibétains emprisonnés pour délit politique sont victimes d’abus dans une prison chinoise, près de Lhassa.
Des prisonniers politiques tibétains, détenus dans un établissement à l’extérieur de la capitale régionale Lhassa, sont systématiquement soumis à la torture et d’autres formes de mauvais traitements, ce qui amène souvent à une détérioration physique dont ils ne récupèrent pas, raconte un prisonnier récemment libéré.
Les mauvais traitements sont communs à la prison de Chushul [1], située à environ 48 kilomètres au sud-ouest de Lhassa, dit cet homme au service tibétain de Radio Free Asia, s’exprimant sous couvert d’anonymat.
"Nous avons été torturés tous les jours dans la prison", dit l’homme. "Nous avons été parfois suspendus au plafond, mains et jambes attachées ensemble".
"Ils ne nous ont jamais nourri régulièrement. Mais quand ils le faisaient, ils mélangeaient du sable avec notre tsampa (farine d’orge grillée), ce qui entraîne la soif, et beaucoup d’entre nous ont été contraints de boire leur propre urine".
"Beaucoup d’entre nous ont été enchaînés et torturés dans les salles de bains", a-t-il ajouté.
Presque tous les prisonniers tibétains enfermés à Chushul souffrent de troubles de la vision et d’autres blessures dues à la torture et les coups, dit l’homme, qui a été récemment libéré après avoir été placé en détention fin 2009 pour avoir participé à des manifestations politiques.
"L’état de ma santé n’est pas bon", affirme-t-il.
"Mes mains sont abîmées, et mes deux yeux ont été durement touchés par mon long emprisonnement à Chushul et la torture prolongée que j’ai endurée".
A plusieurs reprises, les geôliers chinois ont questionné les prisonniers de Chushul sur ce que les autorités considèrent comme des sources d’influence extérieure sur les manifestations au Tibet, dit cet homme.
"Ils voulaient savoir qui « nous avait incité à protester contre le gouvernement chinois »."
"Ils nous ont dit que le (chef spirituel du Tibet en exil), le Dalaï Lama ne pourrait pas nous aider quand nous aurions besoin de lui, et que c’était la (loi) du Parti communiste chinois qui pourrait vraiment nous aider".
A la question "Pourquoi avaient-ils protesté ?", les prisonniers de Chushul ont uniformément répondu qu’ils n’avaient pas la liberté de pratiquer leur religion ou d’exprimer leurs opinions et pensées, a-t-il dit.
Bien que la Chine soit signataire de la Convention des Nations Unies contre la torture, "la torture est endémique dans les prisons chinoises", a déclaré Sophie Richardson, directrice du département de la Chine au bureau de Washington de Human Rights Watch.
"C’est une tactique très couramment utilisée, soit pour forcer les gens à se soumettre, ou tout simplement pour les tourmenter, ou pour obtenir de plus amples informations".
"Il y a peu de moyens de recours", a déclaré Sophie Richardson.
En date du 1er septembre 2012, la base de données des prisonniers politiques de la Commission Exécutive du Congrès américain sur la Chine (CECC) comprenait 626 dossiers de prisonniers politiques tibétains maintenus (ou présumés encore maintenus) en détention chinoise.
Parmi ceux-ci, 597 ont été arrêtés à compter du 10 mars 2008, quand la vague de protestations tibétaines contre la domination chinoise a balayé la région, selon le Rapport annuel pour 2012 de la CECC.
Source : Radio Free Asia, 21 décembre 2012.
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[1] Chushul, Chushur, ou Qushui en chinois, est situé au sud-ouest de Lhassa, comme indiqué sur cette carte (dé-zoomer pour voir Lhassa au nord-est) :
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