La campagne "d’éducation légale" relancée en "Région Autonome du Tibet"
lundi 21 mai 2012 par Rédaction , Monique Dorizon
Les autorités chinoises de la "Région Autonome du Tibet" (R.A.T.) ont relancé une nouvelle vague de "rééducation patriotique" et les campagnes "d’éducation légale" destinées aux institutions monastiques tibétaines au nom du "maintien de la stabilité et de l’unité, en promouvant l’harmonie au Tibet".
L’après-midi du 11 mai 2012, à Lhassa, le gouvernement de la "Région Autonome du Tibet" a tenu une réunion appelée "Réunion de mobilisation pour la campagne d’éducation légale dans les temples bouddhistes du Tibet", qui met ainsi en évidence la politique fondamentale pour la religion, uniforme et en profondeur du Parti communiste de Chine (CPC) et les règles et règlements adoptés par le Bureau d’État pour les Affaires religieuses dans tous les monastères et les couvents de la "Région Autonome du Tibet" a rapporté le site gouvernemental chinois ChinaTibetNews.com.
S’adressant à l’assemblée, le Gouverneur de la "Région Autonome du Tibet", Pema Thinley, a déclaré que, depuis mars 2008, des campagnes généralisées "d’éducation légale" avaient été lancées dans tous les monastères et les couvents de la "Région Autonome du Tibet", sous la direction du Comité central du Parti Communiste chinois et du Conseil d’État et selon les directives émises par le Parti communiste et le gouvernement de la "Région Autonome du Tibet". "La mise en œuvre réussie de ces campagnes d’éducation juridique, qui apprennent aux moines et aux nonnes à aimer la patrie chinoise, être fier de l’identité nationale, à apprendre la conscience civique et la loi, a contribué à la protection de la stabilité à long terme dans la région", a affirmé le Gouverneur de la "Région Autonome du Tibet", Pema Thinley.
Pema Thinley a également dit que, depuis la fin de l’année 2011, le Comité du parti et le Gouvernement de la "Région Autonome du Tibet" avaient mis en place diverses mesures telles que les "Neufs incontournables" [1] dans tous les monastères afin de renforcer et d’innover dans la politique de gestion des monastères tout en suivant la loi, et offrir un service public aux moines et nonnes. Le Gouverneur de la "Région Autonome du Tibet" a également déclaré que la récente attribution de prix à des "monastères modèles" et à des "moines et nonnes patriotiques" a grandement suscité l’enthousiasme de nombreux moines et nonnes afin de contribuer à l’harmonie sociale et à la stabilité.
En outre, le Gouverneur a déclaré que "la mise en œuvre continue de la formation juridique dans les monastères et les couvents est cruciale pour le renforcement de la gestion des institutions monastiques et un point de départ important pour le maintien de l’harmonie et de la stabilité" ajoutant que "donner des orientations au bouddhisme tibétain en s’adaptant à une société socialiste est un moyen efficace pour résister à l’infiltration et au sabotage de la clique du Dalaï Lama".
A l’origine, la campagne de "rééducation patriotique" a été lancée en 1996 [2] dans un certain nombre de monastères et couvents de la "Région Autonome du Tibet". La campagne est utilisée comme un outil pour stabiliser et exercer un contrôle sur ce que les autorités chinoises nomment "le foyer des activités de dissidence", en se référant aux institutions monastiques. Le refus de se conformer aux exigences des séances de rééducation a abouti à des arrestations et l’expulsion de moines et de nonnes ; des moines âgés de moins de 18 ans ont dû interrompre leurs études après avoir été sommés de quitter leurs monastères. Depuis 2008, les autorités chinoises ont mis en place la campagne "d’éducation légale" à consonance inoffensive qui est maintenant de plus en plus utilisée comme substitut sémantique à la campagne de l’intrusive "rééducation patriotique". Dans la seconde moitié de l’année 2011, les autorités de la "Région Autonome du Tibet" ont médiatisé la sélection de ce qui a été appelé : "monastères modèles" et "moines et nonnes très avancés et patriotiques" et mis en œuvre divers programmes tels que les "Neuf Incontournables" et les "Six autres" afin de continuer à renforcer leur contrôle sur les monastères et les couvents.
Après les manifestations de grande ampleur ayant eu lieu au Tibet en 2008, le contrôle et la surveillance des institutions monastiques tibétaines ont augmenté avec les équipes de travail officielles, stationnées en permanence dans les monastères et les couvents, qui organisent des campagnes "d’éducation légale" et de "rééducation patriotique". Cela a gravement restreint les activités religieuses des moines et des nonnes qui sont arrêtés et expulsés pour ne pas avoir voulu se conformer aux règles et règlements mis en place par le Parti et les autorités gouvernementales.
Régulièrement des cours de religion sont annulés pour accueillir des séances d’éducation juridique menées par les équipes de travail dans les monastères et les couvents. Les déplacements des moines et des nonnes sont sévèrement limités, et il est alors difficile pour les moines et les nonnes d’aller à l’extérieur de leurs monastères et couvents, d’aller dans d’autres monastères sacrés et voir des lamas. Parfois, de telles restrictions de déplacement rendent difficile pour les moines et les nonnes l’achat de ce qui leur est nécessaire quotidiennement, y compris l’épicerie. Ces restrictions ont amené de nombreux moines à fuir leurs monastères respectifs forçant de nombreux monastères à fermer.
Le 30 septembre 2010, le Bureau d’État des affaires religieuses a tenu une réunion et émis un règlement en 44 points appelé "Mesures de gestion pour les monastères et temples bouddhistes tibétains" pour contrôler les activités monastiques. Aussi connu sous le nom "d’Ordre numéro 8", le règlement est entré en vigueur le 1er novembre 2010. Le règlement vise à créer un net éloignement entre les institutions monastiques du Tibet et l’influence étrangère et les "activités séparatistes". Les monastères et couvents du Tibet ayant des affiliations à l’étranger sont interdits de maintien des contacts. Cela a gravement affecté les liens traditionnels entre les praticiens spirituels du bouddhisme tibétain au Tibet et l’étranger.
Depuis novembre 2011, les autorités chinoises ont mis en œuvre des programmes coercitifs tels que les "Neuf Incontournables" [1] et les "Six autres" pour réglementer et restreindre les activités des moines et des nonnes. En outre, le gouvernement fournira de l’électricité et de l’eau dans les monastères comme mesures de bien-être. Les Comités de gestion démocratique qui, auparavant, étaient utilisés pour surveiller et décider de la gestion et des activités des monastères ont été remplacés par les Comités de gestion de monastère, organismes non élus, dont le personnel est nommé directement par le Parti et le Gouvernement. Une cellule du Parti communiste est intégrée dans chaque Comité de gestion de monastère.
Les monastères et couvents tibétains sont devenus un important lieu de répression de la part des autorités chinoises. Après l’introduction d’une série de règlements et les campagnes menées par les autorités, les institutions monastiques tibétaines sont devenues une base régulière pour le gouvernement afin de rendre publique sa propagande politique. La mise en œuvre continue de campagnes de "rééducation" a gravement affecté le fonctionnement normal des institutions bouddhistes tibétaines et la liberté religieuse des moines et des nonnes est constamment violée.
Source : Tibetan Centre for Human Rights and Democracy, 17 mai 2012.
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[1] Les monastères, dans le cadre du programme des "Neuf Incontournables", doivent accrocher les portraits de quatre dirigeants chinois communistes et le drapeau national chinois dans leurs bâtiments et mettre à disposition des journaux et des programmes de télévision publiés et produits par le gouvernement chinois.
[2] Cette campagne fait suite au Troisième Forum de Travail sur le Tibet qui s’est tenu à Pékin du 20 au 23 juillet 1994 visant à la destruction définitive et dans sa totalité de la civilisation tibétaine.
Voir l’article "La politique actuelle de la Chine au Tibet".
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