La Chine reparle de la réincarnation du Dalaï Lama

La Chine a de nouveau accusé le Dalaï Lama de "personnaliser" la question de sa réincarnation conduisant à des réactions de colère de la part des Tibétains et de ses sympathisants qui le considèrent comme un autre "gadget politique" pour saper les sentiments religieux des Tibétains.

"Comment un gouvernement totalitaire qui traite la religion comme une infraction pénale peut-il montrer soudain tant d’intérêt pour la réincarnation du Dalaï Lama ? Ils savent que la clé pour accéder au cœur des Tibétains est en lui, et sont maintenant en train d’essayer de préparer le terrain pour l’installation de la personne de leur propre choix, exactement comme ils l’ont fait avec le Panchen Lama" [1], s’interroge Lhakpa Tsering, fondateur du Théâtre du Tibet et leader de la jeunesse qui aspire à devenir membre du parlement tibétain.

Un communiqué publié après une réunion secrète présidée par le président chinois Xi Jinping assisté de dirigeants communistes de haut rang pour discuter des mesures pour "la stabilité au Tibet" et contre le "séparatisme" précise que la question de la réincarnation du Dalaï Lama a toujours été de la compétence de la direction de Pékin.
"L’autorité du gouvernement central a toujours été importante dans le processus de réincarnation. Les précédents historiques ont clairement montré le rôle essentiel du gouvernement central dans le processus. Depuis lors, toutes les confirmations du Dalaï Lama ont nécessité l’approbation du gouvernement central chinois, qui a jugé le processus comme étant une question importante de la souveraineté et de la sécurité nationale", indique le communiqué publié par Xinhua, agence de presse, porte-parole officiel du gouvernement chinois [2].
"Préserver l’unité nationale et le renforcement de l’unité ethnique devraient être mis en avant dans des travaux comportant le Tibet", est-il dit dans le communiqué.

Karma Yeshi, membre du Parlement tibétain, déclare : "La réclamation du gouvernement chinois au sujet de la réincarnation de Sa Sainteté le Dalaï Lama est pour le moins ridicule. Si nous regardons l’historique du premier à l’actuel Dalaï Lama, il n’y a pas eu de tels cas qui permettent d’accréditer cette revendication. S’ils font référence à la relation "patron-prêtre", le Tibet avait aussi de telles relations avec d’autres nations comme la Mongolie".

Karma Yeshi dit que de telles déclarations ne sont pas faites en faveur des Tibétains, mais des colons chinois qui migrent vers le Tibet en grand nombre, chaque année qui passe. "Je crains que les modifications introduites par le gouvernement chinois ne se traduisent d’une manière ou d’une autre par d’autres restrictions sur les Tibétains qui sont déjà marginalisés".
"Même si la Chine introduit son propre Dalaï Lama comme ils l’ont fait dans le cas du Panchen Lama [3], non seulement les Tibétains mais les populations de toute la région de l’Himalaya et les adeptes partout dans le monde ne le reconnaîtront pas comme le vrai Dalaï Lama".

Le leader tibétain dont le 80ème anniversaire a été célébré le mois dernier aussi bien par les Tibétains, que par ses sympathisants et admirateurs partout dans le monde [4], a assuré qu’il se sentait en bonne santé et n’avait pas hâte de discuter de sa réincarnation.

Source : Phayul, 4 août 2015.