La Chine remplace le Secrétaire du Parti pour la "Région autonome du Tibet"
lundi 29 août 2011 par Rédaction , Monique Dorizon
Le 25 août 2011, la Chine a remplacé le Secrétaire du Parti communiste chinois pour la Région autonome du Tibet sous l’administration duquel des émeutes sanglantes ont éclaté dans la région himalayenne, il y a trois ans.
L’agence de presse officielle "Xinhua" a rapporté que Zhang Qingli, le fonctionnaire le plus haut gradé de la région, était nommé secrétaire du Comité du PCC pour la province du Hebei. [1]. Il sera remplacé par Chen Quanguo, un fonctionnaire de longue date du Parti pour la Province du Henan. [2]
Comme tous les chefs du Parti au Tibet, Chen Quanguo n’est pas tibétain mais membre du groupe ethnique majoritaire chinois, les Hans. On dit de lui qu’il a mis l’accent sur le développement et la stabilité dans la Province de Hebei et dans un compte-rendu de son discours publié le 25 août dans le Journal officiel "Tibet Daily", il n’est pas fait référence à la lutte politique.
"Avec le développement économique au cœur, avec une unité ethnique comme garantie, avec l’amélioration de la vie des gens comme point de départ, nous devons nous accrocher fermement au développement et à la stabilité, les deux grandes questions".
Aucune raison n’a été donnée pour ce remaniement, mais Zhang Qingli a occupé ce poste cinq ans, durée à peu près conforme aux mandats des hauts responsables des provinces. Les politiques chinoises concernant le Tibet sont mises en place dans les plus hautes sphères de Pékin et rien ne porte à croire que ce remaniement annonce un changement majeur.
La nouvelle nomination n’est pas considérée comme un changement dans la politique chinoise au Tibet.
Robbie Barnett, un expert du Tibet à l’Université de Columbia, indiquait quant à lui : "J’ai l’impression que la mutation de Zhang Qingli a été retardée depuis plusieurs années dans l’espoir de minimiser toute idée que cela soit considéré comme un aveu du Parti que les protestations de 2008 aient été en grande partie causées par les politiques qu’on lui avait demandé de mener".
Zhang Qingli, ancien haut responsable du Xinjiang (Turkestan oriental), autre région agitée sur le plan ethnique, endossa le rôle de secrétaire du Parti au Tibet en 2006, durant une période plutôt tranquille.
Zhang Qingli est perçu comme un allié du Président Hu Jintao, ayant fait partie de la base politique de la dernière Ligue de la jeunesse Chinoise de 1979 à 1986 en tant que chef et plus tard comme Vice-ministre responsable des jeunes travailleurs et des agriculteurs.
Deux ans après son arrivée dans la "Région autonome du Tibet", de mortelles émeutes contre le gouvernement éclatèrent parmi les Tibétains de la capitale, Lhassa, et se propagèrent rapidement chez les Tibétains vivant dans les régions de l’ouest de la Chine, sous forme de troubles, les plus critiques et les plus suivis depuis des décennies. [3]
Les forces de sécurité affluèrent et des mesures de répression draconienne furent prises, la Chine interdisant aux touristes étrangers de voyager au Tibet pendant un an. Les journalistes étrangers restent exclus du Tibet, excepté lors de rares voyages strictement organisés par le gouvernement chinois.
Dans son discours d’adieu, Zhang Qingli a évoqué la "gestion ferme, décisive" en 2008, au cours de son mandat, de la pire violence ethnique au Tibet depuis des décennies.
Bien que Zhang Qingli brandisse sa répression au Tibet en 2008 comme un succès, certains des dirigeants chinois voient évidemment le coût de ce succès trop élevé, sans oublier le fait qu’il puisse avoir suscité le soulèvement de par la politique menée.
Pendant son mandat, Zhang Qingli prononça son discours le plus sévère à l’encontre du chef spirituel bouddhiste du Tibet en exil, le Dalaï Lama, traitant cet ecclésiastique de 76 ans de "loup en robe de moine" et de "rebut du bouddhisme". [4]
Le 25 août, dans son discours d’adieu, Zhang Qingli a aussi déclaré qu’il n’oubliera jamais la "lutte résolue avec la clique du Dalaï".
Sources : Tibet express, 25 août 2011, Tibetan Review, 27 août 2011.
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[1] Voir l’article de Xinhua ("Chine nouvelle") et le portail officiel des dirigeants chinois.
[2] Chen Quanguo, né en 1955 et originaire de la province centrale du Henan, est titulaire d’une maîtrise en économie. Après une carrière de soldat, Chen Quanguo a commencé à travailler dans une usine automobile de la ville de Zhumadian au Henan. Puis après avoir occupé le poste de chef du gouvernement au niveau du district et municipal, il a été nommé vice-gouverneur de la province du Henan en 1998. En 2003, il est devenu secrétaire adjoint du PCC pour le Henan, avant d’assurer les fonctions de secrétaire adjoint du PCC pour le Hebei en 2009 et de gouverneur de cette province en 2010.
Source : Xinhua, 26 août 2011..
[3] Voir l’article "Escalade de la violence au Tibet - Historique", du 14/03/2008.
[4] Voir l’article "Des documents internes au Parti communiste chinois mettent en évidence une stratégie répressive planifiée au Tibet", du 15/07/2008.
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