L’édredon chinois

Comment résister à la redoutable arme létale pour les libertés et le droit des peuples que constitue l’édredon chinois ?
Censure, mensonges, répression violente, propagande et diversion sont les ingrédients de base d’un produit "made in China" contre lequel le boycott habituel ne joue pas, car il n’est pas vendu en grandes surfaces mais sur les médias et plus tragiquement encore sur le terrain, en particulier au Tibet.

Rêvions-nous lorsque nous avons vu apparaître sur nos écrans cette assemblée de "délégués" nommés par le pouvoir pour "élire" un président déjà coopté au sein d’une aristocratie kleptocrate, mélange de fils de familles rouges et de corrompus ambitieux et serviles ? [1]

Rêvions-nous lorsque nous constations l’incapacité embarrassée d’un "journaliste" chinois en poste depuis de longues années à Paris à nous dire simplement d’où et de qui le "président" chinois tenait-il son titre ?

Rêvions-nous lorsque le dernier monarque, Hu Jintao, recommandait à son successeur de lutter fermement contre la corruption alors qu’elle est la logique vitale du système en place ? [2]
Une corruption matérielle, certes, mais aussi morale et éthique.

Pourquoi en effet adhère–t-on aujourd’hui au Parti, sinon dans l’espoir d’un poste, d’une prébende, d’une carrière peut être, en échange d’une fidélité absolue à l’échelon supérieur, lui même tenu par les mêmes liens, jusqu’au Politburo et au petit groupe de dirigeants suprêmes ? La force armée étant là pour mettre sévèrement au pas, comme dans le cas de Bo Xilai, qui s’aviserait de ne pas respecter la règle du jeu.

Mais là ou l’édredon chinois se surpasse, c’est dans l’affaire coloniale n° 1, au Tibet.
A l’heure où notre démocratie peine à mettre en débat les très misérables heures de son passé colonial, c’est une autre histoire, encore plus hideuse, qui s’écrit, à l’autre bout du monde.

Chaque jour nous apporte la nouvelle d’immolations de protestataires de plus en plus jeunes (le 07 novembre : trois enfants de 15 et 16 ans) [3], qui pourraient, comme cela se pratique sous d’autres cieux, s’en prendre à la vie de leurs oppresseurs, mais non, ils choisissent de faire offrande de leur propre vie. Ce sont désormais des centaines, des milliers de manifestants qui descendent dans la rue, comme à Rebkong (Tongren) où les lycéens et étudiants ont manifesté, ce vendredi 9 novembre, pacifiquement mais courageusement pour un Tibet libre [4]. Alors que les témoignages affluent sur la présence toujours plus impressionnante de forces armées face à la détermination du peuple, que l’on tremble devant la probabilité de tirs meurtriers et d’arrestations massives, pas une seule question au Parlement, pas une seule déclaration d’élus ou de ces grandes voix populaires de la démocratie.
Où êtes-vous les Badinter, Noah, Thuram, où êtes-vous Elizabeth Guigou, présidente de la commission des Affaires Étrangères à l’Assemblée nationale, où êtes-vous Laurent Fabius et Jean-Marc Ayrault, qui avez reçu l’accolade du Dalaï Lama ? [5]
Où êtes-vous enfin François Hollande et Valérie Trierweiler, qui désirerait, dit-on, marcher sur les traces de Danielle Mitterrand ? [6] Le Tibet vaut bien un tweet, non ? [7]

Nous nous retrouvons, une fois encore, petite poignée d’irréductibles amis d’un peuple non-violent et martyrisé, amis surtout de la justice et de la liberté pour tous.
Nous n’avons pas l’intention de nous taire.

Et, de même, nous invitons chaque lecteur à considérer comme une tâche personnelle de signer et d’envoyer à son député, à son Sénateur, cette lettre que nous avons mise en ligne il y a quelques jours [8], de la faire signer par ses parents, collègues, amis, bref à se montrer pugnace tout en restant non violents.

Nous vous invitons à vous rassembler autour des initiatives courageuses que prend l’association Étudiants pour un Tibet Libre, à affirmer votre soutien au Bureau du Tibet, représentants de l’Administration Tibétaine en Exil et du Dalaï Lama, ainsi qu’à la Communauté Tibétaine de France.

Malgré la saison, ou plutôt en raison de ses rigueurs, boycottons l’édredon chinois !

Jean-Paul Ribes

NB Les notes de bas de page et les liens, internes ou externes, ont été ajoutés par Tibet-info à des fins d’explication, d’illustration ou de compléments d’information.