Deuxième Assemblée Générale Tibétaine, 21-24 mai 2011
dimanche 5 juin 2011 par Rédaction
Le 21 mai 2011, à l’Auditorium du Tibetan Children Village [1], 418 Tibétains provenant de plus de 20 pays dont les États-Unis, l’Inde, la Russie, l’Europe et le Népal se sont réunis à Dharamsala en Inde à l’occasion de la deuxième Assemblée Générale Tibétaine.
Cette Assemblée a été organisée par le Parlement tibétain en exil après que Sa Sainteté le Dalaï Lama ait annoncé le 10 mars dernier [2] sa décision de déléguer son pouvoir politique afin de se consacrer à son rôle de guide spirituel.
A la suite de son discours, le Parlement en exil lui a demandé de revenir sur sa décision. Sa Sainteté le 14ème Dalaï Lama a non seulement refusé mais a ensuite essayé d’expliquer au mieux les raisons de son retrait des affaires politiques au peuple tibétain.
Après cela, il est devenu évident que Sa Sainteté resterait ferme sur sa décision.
Il y a de cela plusieurs années, Sa Sainteté avait déjà exprimé le souhait de se retirer de la vie politique du gouvernement tibétain en exil. Le 10 mars 2011, lors de son allocution annuelle, il a de nouveau clarifié la question de son départ à la retraite :
"Dès les années 1960, je n’ai cessé de répéter que les Tibétains avaient besoin d’un dirigeant élu librement par le peuple et auquel je pourrai transmettre le pouvoir. Nous avons à présent atteint le moment de mettre ceci en pratique." [...]
"Ma volonté de transmettre l’autorité n’est aucunement un désir de fuir mes responsabilités. Cela doit être bénéfique aux Tibétains à long terme. Cela ne procède pas d’un découragement de ma part. Les Tibétains ont placé une telle foi et une telle confiance en moi que je suis déterminé à jouer mon rôle pour la juste cause du Tibet [...]" |
Le 14 mars 2011, au cours de la onzième session du 14ème Parlement tibétain en exil, Sa Sainteté a officiellement proposé que des modifications soient apportées à la Charte des Tibétains en exil en tenant compte de "sa décision de déléguer son pouvoir à un élu." [3]
Un comité ad hoc [4] a aussitôt été mis en place afin de rédiger les modifications nécessaires à la Charte.
Le comité, composé du Porte-Parole du Parlement, du Porte-Parole adjoint du Parlement, du Kalon Tripa (Premier Ministre), du Kalon (Ministre) pour le ministère de l’Éducation, et de Pema Junney (membre du Parlement), a rendu publiques les modifications proposées à la Charte.
Les 418 délégués venus du monde entier, ainsi que des militants politiques, des représentants d’ONG, le Premier ministre élu tibétain, Lobsang Sangay, des anciens ministres, des ministres actuels, des députés sortants, des députés élus, et d’autres responsables gouvernementaux ont été regroupés en 10 groupes de travail qui ont présenté les recommandations et les modifications à apporter à la Charte.
Cette assemblée a été mise en place en partie pour travailler sur des modifications à apporter au préambule et à l’article 1er de la Charte Tibétaine qui traitent essentiellement des pouvoirs de Sa Sainteté le Dalaï Lama au sein de l’Administration Centrale Tibétaine, ainsi qu’à 39 autres articles rédigés par le Comité.
Lors de son discours à destination de l’assemblée, l’actuel Kalon Tripa a souligné "l’importance de maintenir la légitimité du gouvernement tibétain en exil, indépendamment des changements qui pourraient être apportées à la Charte".
L’Assemblée, qui devait à l’origine avoir lieu du 21 mai au 23 mai, a été prolongée d’un jour.
Les changements apportés au préambule et à l’article premier de la Charte ont été présentés à Sa Sainteté le Dalaï Lama, le mardi 24 mai, le jour de la clôture de l’assemblée générale.
La deuxième Assemblée Générale Tibétaine s’est terminée le mardi 24 mai et a fini par arriver à un consensus. L’assemblée a appelé Sa Sainteté le Dalaï Lama à assumer un rôle de "chef de l’État symbolique" (Ceremonial head of State).
Le lendemain (25 mai), un rapport final établi a été présenté à Sa Sainteté le Dalaï Lama. En face de l’auditoire, ce dernier a rejeté la demande de demeurer le "chef de l’Etat" au niveau symbolique ("Ceremonial Head of State").
Le Dalaï lama a cependant assuré qu’il allait parcourir le rapport présenté par la deuxième Assemblée Générale Tibétaine. Compte tenu de la position ferme au sujet de son retrait de la scène politique de Sa Sainteté depuis mars dernier, cette décision n’a pas été une surprise pour les législateurs.
Les législateurs tibétains se sont réunis pour deux jours les 26 et 27 mai lors d’une session extraordinaire pour examiner et évaluer les modifications proposées à la Charte.
- Nouvel emblème du Gouvernement tibétain en exil,
- "Bod Mei Drik Tsuk" en tibétain.
Modifications apportées à la Charte tibétaine :
En vertu de la modification de l’article 1er de la Charte Tibétaine, Sa Sainteté le Dalaï Lama est le "Protecteur et le symbole du Tibet et du peuple tibétain".
Selon le préambule modifié, les droits de Sa Sainteté seront de fournir des conseils à l’égard de la protection et la promotion du bien-être physique, spirituel, éthique et culturel du peuple tibétain, et de rester engagé dans les efforts visant à parvenir à une solution à la question du Tibet.
Les pouvoirs exécutifs dévolus à Sa Sainteté le Dalaï Lama en vertu de l’article 19 de la Charte ont été délégués au Kalon Tripa (Premier Ministre).
En conséquence, le Kalon Tripa est habilité à approuver et promulguer les projets de loi et les règlements adoptés par le Parlement tibétain en exil. Les autres pouvoirs et les responsabilités ont été réparties entre le législatif et le judiciaire.
Une autre modification importante à la Charte est l’annulation du Conseil de régence (articles 31 à 35) et de leurs dispositions qui, auparavant, habilitait le Conseil à assumer le rôle du Dalaï Lama dans les circonstances où celui-ci ne pouvait agir en tant que chef de l’Etat.
Le Parlement a également approuvé le changement de la dénomination "Zhung Tsenjol Bhoe" à "Bod Mei Tsuk Drik" (littéralement : Institution / Organisation du peuple tibétain) et non plus Administration Centrale Tibétaine.
Le mercredi 02 Juin 2011 s’est déroulée la première session du 15ème Parlement tibétain en exil, et pour beaucoup cela signifie l’ouverture d’un nouveau chapitre dans l’histoire de la démocratie tibétain.
Sources : Carole, correspondant Dharamsala, et Phayul, 4 juin 2011.
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[1] T.C.V. : Village d’Enfants Tibétains à McLeod Ganj, près de Dharamsala.
[2] Voir le discours du Dalaï Lama du 10 mars 2011
[3] Voir les articles :
"Le Dalaï Lama demande au parlement tibétain en exil d’accepter sa démission", du 16/03/2011.
"Quelques leçons à tirer du message du Dalaï Lama", du 12/03/2011
[4] ad hoc : formé dans un but précis
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