Détermination des Tibétains face à l’exploitation minière chinoise d’une montagne sacrée

mercredi 1er juin 2016 par Monique Dorizon , Rédaction

Dans la municipalité d’Akhori, Comté de Chuchen, Préfecture de Ngaba, Amdo tibétain, le gouvernement local a commencé la mise en place d’un projet d’exploitation minière d’une montagne sacrée. Cela a été violemment contesté par les Tibétains locaux.
Le 20 mai 2016, davantage de policiers sont arrivés sur place et un affrontement entre la police et les Tibétains s’en est suivi. Le mardi 24 mai 2016, le représentant du village a présenté une pétition au Bureau de la Commission du développement et de la réforme nationale chinoise (NDRC). La NDRC a répondu le lendemain, indiquant que cela ne faisait pas partie de ses attributions. De plus, la négociation entre le gouvernement et les villageois a pris fin le 28 mai 2016. Les villageois locaux ont demandé au gouvernement d’arrêter l’exploitation minière et de donner des dédommagements aux Tibétains blessés qui ont été battus par la police. Jusqu’à présent, aucun accord n’a été trouvé.

En ce qui concerne la réponse de la NDRC, un contact local rapporte que "Konchok Palden et d’autres représentants du village ont présenté une pétition en ligne auprès de l’Office des pétitions du NDRC, intitulée « Exploitation minière dans la réserve naturelle d’Akhori, les populations locales affrontent la violence policière »". Cette lettre appelle les fonctionnaires concernés du gouvernement central à faire une enquête et une intervention d’urgence, à stopper la destruction de l’environnement naturel faite par les responsables locaux à proximité de la montagne sainte.

Toutefois, le Bureau de la pétition a répondu que "selon les attributions, votre pétition ne concerne pas le service de la NDRC. Selon les règlements portant sur les lettres de pétition, fondés sur le principe que « la gestion des terres est classifiée, et que la responsabilité se fait de niveau à niveau ; qui prend les charges en assume la responsabilité », votre pétition devrait être soumise au gouvernement local, au ministère des terres et de l’administration des ressources, ou au département de contrôle de la discipline".
"Toutefois, c’est la Commission du Développement et de la Réforme (DRC) de la Préfecture de Ngaba qui a délivré le document d’approbation à la DRC de la municipalité de Chuchen concernant le « Projet de la station hydraulique du grand Cyprès » dans le Comté de Chuchen".
Le document mentionne que les conditions pour la réalisation du projet sont très avancées, et que les exigences de fonctionnement ont été respectées - la durée du projet devrait être limitée à 24 mois - et que le processus de fonctionnement, d’achèvement, ou incidents importants devraient être signalés à la DRC de la préfecture de Ngaba.
Par conséquent, les populations locales estiment que c’est la DRC de la préfecture de Ngaba qui a causé la destruction de l’environnement et le récent incident avec la police. Ainsi, les populations locales pensent que la NDRC devrait enquêter et intervenir, plutôt que de transférer la responsabilité sur le gouvernement local.

Aucun accord n’a été trouvé lors de la dernière négociation, samedi 28 mai. Les Tibétains se sont réunis le même jour, demandant à nouveau que, d’une part, justice soit faite pour les Tibétains blessés, et que le chef de la police et d’autres soient soumis à une enquête plus approfondie, d’autre part, les autorités compétentes devraient fournir des explications juridiques et raisonnables concernant le projet de la centrale électrique, troisièmement, la police doit cesser d’agresser ou menacer les populations locales, et des indemnités doivent être données aux personnes blessées.

Selon un contact local, "le 20 mai, le gouvernement a envoyé plus de 30 véhicules sur le site pour intimider les villageois. Selon un membre du personnel de la commune, l’une des voitures transportait des armes lourdes. Un nombre important de policiers a été positionné pour protéger la construction, contre des villageois non armés. Ainsi, il a été suggéré aux habitants de ne pas aller là-bas, ou bien des accidents graves pouvaient se produire. Nous avons donc envoyé des représentants pour négocier, mais aucun accord n’a été trouvé. La négociation a également été repoussée au 28. Nous nous sommes réunis ce jour-là et avons présenté à nouveau notre demande. Nous avons demandé que le chef de la police et d’autres responsables de l’application de la loi soient présentés à la justice en raison de leur abus de violence. Ainsi, la rage de la population locale pouvait être calmée ; nous demandions également des explications juridiques et raisonnables concernant le projet de la centrale électrique de la municipalité d’Akhori. Nous demandions que les responsables cessent immédiatement de menacer ou agresser les villageois, et des compensations aux personnes blessées, et que les fonctionnaires soient tenus responsables du non respect des lois".

Le contact local révèle que les Tibétains sont inflexibles, malgré leur désavantage face à la police armée. Il dit : "le 28 mai, il y avait un mariage dans la zone nomade. Tous les Tibétains de différents villages s’étaient réunis là. Nous avons tous exprimé notre détermination indéfectible dans cette protestation. Mais nous ne disposons pas de la force pour faire face à la police et l’armée du PCC (Parti communiste chinois). Ils ont des forces armées, et ils ont des armes, de sorte que nous, pauvres vulnérables, gens ordinaires ne pouvons pas vraiment nous confronter à eux. Aux yeux des représentants du gouvernement, l’environnement naturel des Tibétains, la culture traditionnelle et les coutumes, rien de ce qui précède n’est important. Cependant, nos ancêtres ont habité cette terre sacrée, aussi protéger l’environnement naturel est encore plus important que notre propre vie. De nos jours, - peu importe si c’est le monastère ou bien des individus - si nous rencontrons des difficultés, nous allons prier pour le bien-être à la montagne sainte toute l’année. Ceci est la raison pour laquelle nous protégeons la montagne sainte. Nous ne reculerons pas".

Le contact local a également vivement critiqué les responsables locaux ainsi que le gouvernement chinois. Il dit que "les représentants du gouvernement nous ont menacés, en déclarant que « toute personne qui exploite le processus doit être envoyée en prison et tuée, sans exception »". "Ils se comportent comme cela depuis longtemps. Ceci est également le but de leur fonction. Ils n’ont jamais considéré les intérêts fondamentaux des Tibétains. Au lieu de cela, ils ont des intérêts politiques redoutables et des intérêts individuels. Ils nous ont menti avec la dissimulation de la construction et du développement. Nous avons déjà devancé leur intention".

Ce contact local fait référence à la Loi sur l’autonomie des régions ethniques et souligne que, la loi a promis les droits des peuples à la terre dans les régions de minorité ethnique, mais ils n’ont été pas mis en œuvre. En outre, ce même contact critique le fait que "ces lois ne sont pas mises en œuvre, et c’est juste une mise en scène, comme un vase sur la table - juste pour faire joli. Nous avons devancé tout cela ; peu importe que leurs (le gouvernement) paroles soient peu sincères, nous ne pourrons jamais les croire. L’éducation des fonctionnaires du gouvernement est en grande partie à la traîne ; ils sont redoutables, et pas différents des bandits".

Source : The Tibet Post, 30 mai 2016.

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