Déclaration de presse du Prof. Samdhong Rinpoche sur la situation au Tibet, 18 avril 2008
lundi 21 avril 2008 par Rédaction
Déterioration de la situation au Tibet et peur que cela empire dans les prochains jours.
Depuis le 10 mars 2008, des protestations se sont répandues dans les différentes régions de l’U-Tsang, du Kham et de l’Amdo, dont plusieurs villes de Chine dans lesquelles vivent des Tibétains. Ces protestations sont l’explosion de l’insatisfaction et du ressentiment profondément enracinés dans le cœur des Tibétains depuis les cinq dernières décennies par la répression excessive et la mauvaise gestion de manifestations pacifiques menées par un petit nombre de moines et de laïcs dans plusieurs lieux à l’intérieur et à l’extérieur de la "Région Autonome du Tibet" le 10 mars 2008.
Le 10 mars est une date historique pour le peuple tibétain. Chaque année, des manifestations pacifiques sont organisées, manifestations qui ne continuent pas au-delà de ce jour. Mais cette année, les protestations ont continué les jours suivants à cause de mesures répressives inutiles et de l’utilisation de la force.
Si l’objectif de l’utilisation de la force par les autorités chinoises est de maintenir la paix et l’ordre au Tibet, elles auraient pu y arriver en une journée. Mais il n’y a pas eu de retour à la normale même après plus de cinq semaines et toujours plus de protestations et de mesures répressives sont utilisées jour après jour. Ceci amène à douter sur les intentions des autorités chinoises.
Parmi les incidents suspicieux, les cas suivants sont manifestes :
a. Le 14 mars, d’inhabituels troubles furent permis à Lhassa pendant plusieurs heures sans que les autorités ne prennent aucune mesure répressive.
b. La plupart des protestants impliqués dans les actes violents de cette journée n’étaient pas familiers des Tibétains locaux. En particulier, il y a des cas de personnes ayant vu des policiers chinois habillés avec des vêtements tibétains ou des robes de moines, prenant le rôle de leaders pendant les manifestations.
c. Les autorités chinoises affirment avoir trouvé des pistolets et des balles dans des monastères tibétains. Cette affirmation est basée sur la saisie de pistolets et épées inutilisables fabriqués sur place, qui furent offerts à la Chambre des Divinités Protectrices (Gonkhang) des monastères. Dans d’autres cas, le personnel militaire lui-même a apporté les armes et munitions aux monastères. Plus tard, ils affirmèrent les avoir trouvés dans les monastères et accusèrent les Tibétains de cacher des armes et munitions dans les enceintes des monastères.
d. Les autorités chinoises affirment également que les forces indépendantes tibétaines prévoient de lancer des attaques suicides.
e. Ils accusent certains moines d’avoir fait exploser une bombe qui a endommagé un bâtiment à Chamdo dans l’est du Tibet. Les autorités n’ont pas encore produit de preuve convaincante.
f. Les campagnes de "rééducation patriotique" sont relancées et les monastères et les maisons ont l’ordre de faire flotter le drapeau national chinois sur leurs bâtiments.
g. Des campagnes anti-Dalaï Lama sont lancées vigoureusement partout. C’est ce qui blesse le plus la sensibilité des Tibétains.
h. La République Populaire de Chine (RPC) porte un effort systématique et vigoureux pour créer une rupture entre le peuple chinois et le peuple tibétain. Elle le fait par le biais d’une large propagande de nationalisme et de haine de la "clique du Dalaï Lama" parmi le peuple chinois.
Ces actes ne permettent pas de restaurer la paix mentale et l’ordre social au Tibet. Au contraire, ces actes sont considérés comme hautement provocateurs pour les Tibétains car c’est ce qui les blesse le plus. Tous ces actes semblent avoir l’objectif de saper la tolérance du peuple tibétain et de provoquer leur riposte violente. Ils indiquent également que plusieurs agences de la RPC ont prévu d’effectuer d’autres explosions et d’autres activités de destruction et d’en rendre responsables des Tibétains innocents.
Nous sommes profondément inquiets des actions répressives actuelles comme les coups violents, la torture, les meurtres, les privations de nourritures et d’eau qui font mourir de faim les Tibétains concernés. Nous sommes également très inquiets qu’une telle répression puisse continuer les mois à venir.
Le Tibet est virtuellement isolé et dans un délai très court, les autorités chinoises auront détruit toutes les preuves en exécutant les Tibétains innocents. La communauté internationale doit intervenir immédiatement et persuader les autorités de la RPC de mettre fin à ces actes atroces.
La situation controversée au Tibet a subsisté à cause des politiques ultra-gauchistes adoptées par les autorités de la RPC pendant l’année 1957/58, qui ont mené au soulèvement populaire du 10 mars 1959.
Depuis lors, les Tibétains ont souffert énormément. Plus d’un million de Tibétains sont morts et la situation reste préoccupante. Ces politiques furent reconnues mauvaises et furent inversées en Chine continentale, mais aucun changement de politique n’a eu lieu pour la nationalité tibétaine. Encore aujourd’hui, à moins que la politique de base de la RPC vis à vis de la nationalité tibétaine change, aucune force, quelle qu’en soit le nombre, ne peut garder le peuple tibétain sous contrôle.
D’un côté, les leaders de la RPC demandent à Sa Sainteté le Dalaï Lama d’utiliser son influence pour permettre un retour à la normale au Tibet. D’un autre côté, ils n’ont créé aucun espace ou canal pour permettre à Sa Sainteté le Dalaï Lama d’utiliser cette influence au Tibet. Au contraire, les responsables chinois ont accru leur campagne anti-Dalaï Lama à travers le Tibet.
La direction de la RPC refuse de rechercher les causes des troubles au Tibet et de faire les efforts nécessaires pour supprimer ces causes. Au contraire, ils aggravent le problème de plusieurs manières. C’est une indication claire qu’ils ne souhaitent pas la paix et la stabilité au Tibet.
Nous appelons donc de façon urgente la communauté internationale à prendre des actions immédiates et efficaces pour empêcher la République Populaire de Chine de se livrer à de tels actes brutaux contre le peuple tibétain et de stopper leur politique de génocide culturel systématique au Tibet.
Prof. Samdhong Rinpoche,
Kalon Tripa, (Premier Ministre),
18 avril 2008
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