De nouvelles tensions au Tibet oriental

Au cours de la semaine du 15 octobre 2012, la situation est devenue très tendue dans le canton de Sershul Dzachukha [1] au Tibet oriental après plusieurs arrestations et le déploiement de policiers armés et de forces paramilitaires.

"Les chefs de chaque famille ont reçu l’ordre des autorités chinoises de participer à une réunion le mardi 16 octobre 2012, mais ils n’ont pas mentionné quel était l’objectif de la réunion des Tibétains", a déclaré le Vénérable Jampa Yonten du monastère de Sera en Inde du Sud, citant des sources de l’intérieur du Tibet.
"Le 15 Octobre 2012, lundi soir, plusieurs centaines de policiers chinois armés et des forces paramilitaires ont été déployés dans la ville de Sershul, canton de Dzachukha, à l’est du Tibet", selon Jampa Yonten.
"La situation est devenue très tendue, alors que plusieurs Tibétains ont été arrêtés et tous les moyens de communication bloqués dans Sershul Dzachukha au Kham", selon des sources en provenance du Tibet.

Parlant à Phayul, Jampa Yonten rapporte : "Les forces de sécurité chinoises sont entrées dans la région en grand nombre dans la nuit et ont coupé les issues et tous les moyens de communication". "Cinq Tibétains ont été arrêtés pendant le raid (de la police)".
L’identité de ceux qui ont été arrêtés, leur lieu d’enfermement et leur état ne sont pas connus.

_"Deux photos montrent des centaines de policiers armés et des forces paramilitaires chinoises défilant dans la rue du quartier de Wonpo (ou Onpo), canton de Sershul Dzachukha, mardi 16 Octobre 2012", ajoute le témoignage.
Le 16 octobre, les autorités ont convoqué un membre de chaque famille de la région de Onpo et les ont avertis qu’ils ne devaient pas manifester pendant les cours de rééducation qui seraient donnés dans la région.

La région de Serschul Dzachukha a connu de nombreuses manifestations contre la domination chinoise dans le passé, avec des manifestations de masse en 2008.
"Sept moines bouddhistes du monastère de Onpo ont été condamnés à une peine d’emprisonnement de 2 à 7 ans pour s’être impliqués dans les manifestations de 2008. Ils ont été reconnus coupables de participation à la marche pacifique de 14 moines du monastère de Sera à Lhassa en 2008".
"Adhe Lama, moine respecté arrêté en 2008, connu comme le chef spirituel du monastère de Onpo, est toujours détenu au centre de détention de Chushul [2] à Lhassa", poursuivent les mêmes sources.

En avril 2008, durant les manifestations qui se sont développées au Tibet, des moines du monastère de Onpo avaient refusé de hisser le drapeau chinois sur le toit de leur monastère lors d’une cérémonie de lever des couleurs. Lors de la répression et des fouilles effectuées maison par maison qui s’en sont suivies, une femme nommée Tri Lhamo s’était suicidée peu de temps après que la police ait fait irruption dans sa maison et déchiré puis foulé aux pieds des photos du Dalaï Lama.
Selon des sources provenant de l’intérieur du Tibet, "les autorités chinoises ont imposé de fortes restrictions aux Tibétains dans le canton, après qu’un drapeau chinois ait été retiré (le 7 septembre 2012) dans une école de la région, que le drapeau national tibétain ait été hissé et des tracts appelant à la liberté du Tibet distribués".
Il est probable que les 5 Tibétains arrêtés l’aient été en relation avec cet incident. En septembre, aucune arrestation n’avait eu lieu.

Source : The Tibet Post International, 18 octobre 2012 et Phayul, 19 octobre 2012.