Corruption et demandes inattendues pour "un logement gratuit"

Selon des sources en exil, environ 100 villageois tibétains ont été blessés lorsqu’ils ont été attaqués par la police chinoise lors d’une manifestation contre la corruption présumée de responsables locaux dans la région du Kham (actuelle province chinoise du Sichuan).
Entre 15 et 20 autres villageois ont été arrêtés suite à la manifestation du samedi 14 avril 2012, selon des sources.

La manifestation a débuté à 14h00 environ, heure locale, lorsque les habitants du village de Andu dans le Haut du Comté de Ngaba [1] se sont rassemblés pour une réunion publique, rapportent les moines en exil Lobsang Yeshe et Kanyag Tsering citant des contacts dans la région.

"Un groupe de fonctionnaires du Comté de Ngaba a alors fait l’éloge de deux fonctionnaires soupçonnés de détournement de fonds publics il y a quelque temps, en disant qu’ils devaient être récompensés pour leur bon travail", indiquent Lobsang Yeshe et Kanyag Tsering.
Lorsque les villageois ont exprimé leur désapprobation, environ 10 camions de policiers armés ayant accompagné les fonctionnaires ont attaqué la foule.
"Environ 100 personnes ont été blessées", poursuivent Lobsang Yeshe et Kanyag Tsering.
"Parmi eux, Loppon Kyab qui a dû passer la nuit à l’hôpital du Comté de Ngaba. Et 15-20 personnes ont été arrêtées, dont Tsamchen, Tsenor, et Tenzin Tsering du village de Tsosum à Gyalde". On ne sait pas où sont détenus ceux qui ont été arrêtés.

Les deux fonctionnaires dont l’éloge à été fait par le gouvernement du Comté de Ngaba sont soupçonnés par les villageois de Andu d’avoir récupéré les fonds affectés à la construction de résidences pour personnes âgées.
Toujours selon Lobsang Yeshe et Kanyag Tsering : "Après 2008, un endroit connu sous le nom Omaylu, détenu en commun par la communauté villageoise, a été affecté par le gouvernement à la construction d’un foyer pour personnes âgées". Ils ajoutent que le site avait été utilisé pour des réunions de prière commune, des enseignements religieux publics donnés par les lamas de passage, et les festivals annuels de la communauté.
"Les gens avaient protesté contre cela, mais leurs protestations n’avaient eu aucun effet, et un camp de l’armée avait été construit, maintenant occupé par des soldats et des policiers armés".

Des rangées de petites maisons ont ensuite été construites à proximité, et même si celles-ci ont été données à des gens comme une forme "d’aide de l’Etat", les familles qui les occupent se sont entendues dire à la fin de l’année dernière qu’elles auraient à payer 10 000 yuans (1 200 euros environ) sur les 80 000 yuans (9 700 environ) que chaque maison avait coûté à construire.
"Les gens ont répondu qu’ils avaient reçu le logement en tant qu’aide, qu’aucune demande d’argent n’avait été faite, et qu’ils n’étaient pas en mesure d’y répondre maintenant".
Les deux employés des administrations locales, salués par les fonctionnaires du Comté ont été soupçonnés d’avoir détourné des fonds pour le logement, provoquant un manque à gagner qui a abouti à la demande d’argent auprès des locataires.

Source : Radio Free Asia, 17 avril 2012.