Corps, Parole et Esprit de Bouddha

lundi 2 mai 2005 par Webmestre

Le Corps de Bouddha

Qu’est-ce qu’un Bouddha ? Est Bouddha celui qui a renoncé à toute action mauvaise, à tout ce qui fait obstacle à la connaissance. Même quand on a cessé d’agir de façon erronée, une empreinte demeure sur l’esprit qui fait obstacle à la connaissance. On la compare à l’odeur qui persiste sur la main après avoir touché un oignon. Est Bouddha celui qui a abandonné jusqu’aux derniers vestiges de tous ces obstacles à la connaissance. Il perçoit directement la réalité des phénomènes et a pleinement développé la compassion par la méditation, de telle sorte qu’il ¦uvre spontanément pour le bien-être de tous les êtres. Pendant des éons innombrables, il a accumulé un mérite sans limite par la pratique des perfections que sont le don, l’éthique, la pratique et l’effort et il a médité avec un esprit ferme et stable sur l’antidote au concept erroné d’une vacuité existant de façon inhérente.
Du point de vue du Tantra, il a médité sur le yoga de la déité, employant les nombreux moyens subtils et puissants du Tantra qui permettent d’atteindre la bouddhéité en une vie. Bien que, dans chaque éon, il puisse y avoir des bouddhas en nombre incalculable, dans l’éon présent, 1002 Bouddhas reconnus doivent apparaître, quatre d’entre eux s’étant déjà manifestés. Ces bouddhas ont déjà atteint l’éveil mais ils reprennent naissance en tant qu’hommes afin de rendre manifestes les douze actions d’un Bouddha et de guider les êtres vers l’éveil. La voie tantrique vers l’éveil est spécifique à l’enseignement de Shakyamuni. A ses disciples ordinaires, Shakyamuni, sous sa forme de Bouddha, a enseigné les soutras tandis qu’à ses disciples de niveau supérieur, il a enseigné les tantras sous forme d’un roi ou sous l’aspect de diverses déités de méditation.

Le corps du Bouddha peut être représenté de plusieurs façons. Même si ces représentations révèlent le Bouddha sous différents aspects, toutes sont, par nature, le corps du Bouddha et les offrandes qu’on leur fait équivalent à celles faites aux Bouddhas eux-mêmes. Ainsi, le Bouddha peut avoir les traits d’un moine, comme le Bouddha Shakyamuni, ou prendre l’aspect légèrement courroucé de déités de méditation comme Héruka Guhyasamaja, ou encore être représenté par des déités féminines comme les dakinis, des déités courroucées, masculines ou féminines, aux formes horribles et à têtes d’animaux, ou bien par des couples en union. En d’autres occasions également, le Bouddha Shakyamuni est représenté en lapin ou en éléphant pour rappeler les actes exemplaires qu’il a accomplis sous cette forme durant sa vie de Bodhisattva. De la même façon, on fait aussi des représentations religieuses d’Arhats, ces êtres qui ont atteint la libération pour eux-mêmes, des représentations de personnalités religieuses protectrices et de Lamas. Pour la fabrication d’une statue, tous les matériaux peuvent être utilisés : argile, pierre, bois ou métal. En revanche, même si aucune limite n’est imposée pour sa taille, elle doit être strictement conforme aux proportions et autres détails prescrits. Quelque soit le matériau utilisé, on doit avoir le même respect à l’égard de toutes ces représentations, aucune statue, fusse-telle d’or, ne devant être plus estimée qu’une statue faite de simple argile. Il en est de même pour les représentations en deux dimensions que sont, au Tibet, les peintures sur tissu, les blocs d’empreintes ou les peintures murales.

La Parole de Bouddha ou Dharma

Du point de vue de l’expérience, le Dharma est, de façon ultime, le renoncement à ce qui afflige l’être et à ce qui, dans son continuum mental, fait obstacle à la connaissance. La voie pour atteindre ce véritable renoncement est de suivre un chemin véritable. Les moyens pour transmettre cette compréhension est la parole des Bouddhas et des Bodhisattvas. Cette parole comprend, sous sa forme écrite, l’ensemble des écritures qui, toutes, concernent également le Dharma. Lorsque le Bouddha parlait, chacun de ses innombrables auditeurs trouvait dans ses paroles ce qui lui était le plus profitable et était capable de le comprendre dans son propre langage. En bref, après le départ du Bouddha, on mémorisa ses enseignements et on les récitait en Inde dans quatre langues différentes, y compris le sanscrit. Plus tard, ces textes furent traduits en tibétain, en chinois, en mongol, en coréen et en japonais, etc. Le canon tibétain comprend le Kangyur constitué de 108 volumes qui relatent les propres paroles du Bouddha, et le Tengyur, qui comporte 200 volumes comprenant des commentaires des enseignements contenus dans le Kangyur composés par des érudits indiens ainsi que des commentaires élaborés plus tard par des érudits tibétains. Récemment, ont été publiées des traductions de textes bouddhistes en langues occidentales. En dehors de celui porté à la langue utilisée pour les véhiculer, de tels textes, ou enseignements, présentent un intérêt supplémentaire qui tient au fait qu’ils contribuent à permettre aux êtres d’atteindre l’éveil. L’examen des sujets traités par l’enseignement bouddhiste l’atteste. On dit que le Bouddha a laissé 84 000 instructions sur la la souffrance des êtres et sur les moyens d’en triompher. Dans une formulation condensée, ces écritures forment les Trois Corbeilles de la Doctrine, ainsi appelées parce que les textes originaux imprimés en Inde sur de la feuille de palmier étaient rassemblés dans des corbeilles. La Corbeille des Discours explique les trois entraînements que sont l’éthique, la stabilisation méditative et la sagesse.

La Corbeille de la Discipline explique la discipline éthique et la stabilisation méditative et la Corbeille de la Connaissance explique les catégories de phénomènes.Certains se plaignirent auprès du Bouddha qu’après sa mort, rien n’eut été prévu pour leur montrer la voie vers l’éveil. A cela le Bouddha répliqua qu’en se référant au sens de ses paroles, ils trouveraient dans les textes ce dont ils auraient besoin. Pour manifester aux enseignements du Bouddha appréciation et respect, certains textes furent écrits en lettres d’or, d’argent et avec d’autres substances précieuses, particulièrement le Discours sur la Perfection de Sagesse. En général, les écritures sont conservées avec soin, dans un endroit propre et sont placées en hauteur, ceci pour montrer également dans quel respect on les tient. Dans les temples, la statue du Bouddha, qui constitue parfois le principal objet d’offrande, est généralement entourée de hautes piles de livres de textes qui représentent sa parole.

L’Esprit de Bouddha

Pour représenter l’esprit de Bouddha, qui est libre de tout obstacle et possède toute connaissance, et afin d’accumuler des mérites par des démonstrations de respect, on édifie des stupas. Les aspects d’un stupa sont nombreux et forment autant de symboles : les dix actions vertueuses, la grande compassion et l’aptitude à aider tous les êtres sensibles, notamment. Des stupas ont été érigés dans les sites correspondant aux étapes de la vie du Bouddha : naissance, renoncement, éveil et Parinirvana ; d’autres ont été érigés pour contenir les reliques de Bouddhas antérieurs. Exécuter des circumambulations autour d’un stupa est un moyen qui permet d’accumuler des mérites. Dans l’ancien royaume indien de Magadha, il y avait, au temps du Bouddha, un vieux stupa qui n’était plus qu’un tas de ruines. Le Bouddha faisait des circumambulations autour de ce monticule de pierres et lorsqu’on lui demandait pourquoi il agissait ainsi, il répondait qu’il y a avait là des reliques sacrées. Pour répondre à une question que lui posaient les dieux du « Ciel des Trente-trois », le Bouddha énuméra quelles étaient les reliques qu’il convenait de placer dans un stupa. Elles sont de quatre sortes :

  • Des mantras rédigés sur papier,
  • Des reliques physiques d’un Bouddha, cheveux ou ongles, ou bien des objets matériels dont il s’est servi,
  • Des fragments de ses os, de ses dents, etc.,
  • D’autres reliques faites de ses restes après sa crémation.

A la mort du Bouddha et après la crémation de son corps, des représentants de nombreux royaumes revendiquèrent le droit de posséder ses restes. Pour mettre fin à la dispute, un de ses disciples en fit huit parts, chacune devant être enchâssée dans un stupa érigé dans chacun des royaumes. L’habitude de bâtir un stupa sur les restes de grands saints et de lamas révérés a perduré également au Tibet. Dans certains cas, lorsqu’il s’agit des Dalaï-Lamas par exemple, le corps tout entier est enchâssé dans le stupa. Les stupas peuvent être de toutes dimensions et faits de tout matériau approprié. Des reliques, autres que les quatre sortes décrites plus haut : statues, vêtements ou écritures, sont également admises. Au Tibet, par exemple, il est d’usage de placer dans les stupas des représentations imprimées dans l’argile en milliers d’exemplaires.

Me-Long,
Newsletter of the Norbulingka
Traduction : Babette Bridault
Actualités Tibétaines


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