Contrer le Dalaï Lama est la première des priorités, selon la Chine

Après le voyage en Europe du Dalaï Lama, lors duquel il s’est exprimé au siège de l’UE à Strasbourg, la Chine a émis une menace et a promis d’en faire une "priorité absolue" afin de contrer son influence, réitérant sa position d’assimilation du prix Nobel à un "séparatiste" menaçant l’unité de la Chine.

Le secrétaire du Parti de la "Région Autonome du Tibet", Wu Yingjie  [1], a déclaré : "En premier lieu, nous devons approfondir la lutte contre la clique du Dalaï Lama, en faire la plus haute des priorités dans l’exercice de nos affaires ethniques, et dans la mission à long terme visant à renforcer l’unité ethnique".
Il a également promis "d’exposer en détail la nature réactionnaire du XIVème Dalaï Lama, sévir contre les activités séparatistes et subversives, et s’efforcer d’éliminer à leurs racines les éléments nuisibles qui endommagent l’unité ethnique".
Le dénigrement du leader tibétain par la Chine n’est pas nouveau ; les efforts du leader tibétain pour résoudre le problème sino-tibétain pendant quelques décennies, ont été interprétés comme étant de nature "séparatiste" et souvent traités avec une sensibilité "hyper prudente" comme décrits par le Dalaï Lama lui-même.

Le Dr. Han Lianchao [2], dissident chinois et ancien membre du ministère chinois des Affaires étrangères, actuellement chercheur invité à l’Institut Hudson, a récemment décrié le traitement de la Chine vis-à-vis du leader tibétain de 81 ans en disant : "Contrairement à ce que dit le Parti communiste chinois dans sa propagande, le Dalaï Lama n’est pas séparatiste" et que la solution proposée par l’approche de la Voie médiane [3] se situe "à l’opposé du séparatisme".

Le chercheur chinois a précisé que sa compréhension du leader tibétain et de la lutte tibétaine avait évolué avec le temps. "C’est seulement après avoir eu davantage d’occasions d’observer et d’interagir de près avec le Dalaï Lama et ayant eu des échanges plus fréquents avec les Tibétains que ma pensée issue d’un lavage de cerveau a progressivement commencé à changer", a écrit Lianchao.
Il a en outre critiqué Zhu Weiqun, l’ancien chef exécutif adjoint du Département du Travail du Front uni, qui a mené des campagnes contre le Dalaï Lama, le considérant comme le "vrai coupable séparatiste".
Il écrit : "Zhu Weiqun a toujours trouvé des moyens pour diaboliser le Dalaï Lama afin de protéger son propre « bol de riz en fer » tibétain. Ils l’ont vilipendé comme étant un séparatiste et un traître et l’ont même insulté comme « Loup déguisé en agneau ». Ils lui ont mis en place toutes sortes d’obstacles, ont trompé les autorités centrales, miné les négociations, et interdit au Dalaï Lama de revenir chez lui".

Le dissident chinois et défenseur de la démocratie en Chine a estimé que la réponse indifférente de la Chine à la solution du Dalaï Lama, pacifique et plus équilibrée, ne fera que pousser "les Tibétains modérés à se radicaliser et les mènera sur le chemin de l’indépendance du Tibet".

Source : Phayul, 1er octobre 2016.

Voir (en anglais) l’article de Han Lianchao.