Bernard Kouchner, fidèle soutien de la cause tibétaine, en Chine fin oct.

Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner se rend les 31 oct. et 1er nov. à Pékin, une occasion d’aborder les dossiers "chauds", mais aussi de préparer la première visite en Chine du président Nicolas Sarkozy à la fin novembre.
Il doit également aborder la question des droits de l’homme, a indiqué Paris.

Bernard Kouchner s’est illustré à maintes reprises dans le passé par son soutien à la cause tibétaine et au Dalaï Lama, un sujet d’irritation pour Pékin.
 En 1990, M. Kouchner, alors secrétaire d’Etat à l’Action humanitaire d’un gouvernement de gauche, avait provoqué la colère de la Chine en recevant à Paris, en compagnie d’autres responsables français, le leader spirituel tibétain, à qui avait été décerné un an auparavant le Prix Nobel de la paix.
 Deux ans plus tard, il avait critiqué la politique démographique de la Chine au Tibet, faisant part de son "effroi", tout en estimant que cette situation relevait d’une "situation coloniale".
 A ce poste ministériel, il s’était également fait remarquer en préconisant l’envoi au Tibet "d’observateurs neutres", s’attirant de nouveau les foudres de l’ambassade de Chine à Paris, qui avait dénoncé "un acte inamical qui constitue une ingérence dans les affaires intérieures de la Chine".
 Figure emblématique des "French doctors" et défenseur du droit d’ingérence, M. Kouchner n’a eu de cesse, à chaque visite d’un responsable français en Chine ou d’un dirigeant chinois en France, de dénoncer la politique chinoise au Tibet.
 "Se souvient-on que le Tibet est un pays envahi et qu’on y stérilise les femmes ?", lançait-il en 1996, en commentant la visite officielle en France du Premier ministre chinois Li Peng, célèbre pour son implication dans la répression des manifestations démocratiques de mai 1989.
 La même année, il lançait un appel pour la création d’une radio tibétaine indépendante.
- "Cette voix de la démocratie permettra au Tibet de s’ouvrir sur le monde alors que la Chine tente de l’enfermer dans ses frontières", expliquait M. Kouchner.
 L’actuel ministre des Affaires étrangères avait également marqué son soutien aux Tibétains en exil en 1993 en assistant, dans le public, à une émission politique télévisée dont l’invité était le Dalaï Lama.

Après les rencontres récentes entre le leader spirituel tibétain en exil et des dirigeants occidentaux de premier plan, comme la chancelière allemande Angela Merkel et le président américain George W. Bush, plusieurs voix [1] ont appelé le Président français à faire de même.
- "Nous n’en attendons pas moins du gouvernement français, en particulier de l’actuel", a indiqué à l’AFP Lodi Gyari, émissaire spécial du Dalaï Lama.
Cependant, le Kouchner, ministre d’un gouvernement de droite, sera probablement plus modéré que le Kouchner des années précédentes, soulignent les observateurs.
- "Il a toujours été plutôt favorable aux dissidents, a pris des positions fermes sur le Tibet, mais je ne sais vraiment pas de quelle autonomie il dispose", dit Jean-Philippe Béja, spécialiste de la Chine.
Pour Valérie Niquet, du Centre Asie de l’Ifri (Institut français des relations internationales), "tout dépendra certainement du choix de stratégie chinoise et asiatique de Sarkozy et de ses conseillers".
Cette visite, préambule de la première visite du président Sarkozy, sera en effet l’occasion de voir de quelle manière le nouveau gouvernement français se démarquera de la politique chinoise de Jacques Chirac.

Source : AFP 29 oct. 07