Au nom de la stabilité
lundi 31 janvier 2011 par Rédaction , Jean-Paul Ribes
En politique, la stabilité est un concept à tout faire, et notamment à justifier le maintien en place de régimes tyranniques et anti-populaires. Comme si l’alternance démocratique - pourtant expérimentée par de grandes nations, dont la nôtre - devait dans le cas de certains peuples considérés par leurs propres dirigeants comme immatures entraîner inévitablement le chaos.
La Chine est, à cet égard, exemplaire.
Ayant fait de ce mot son mantra, et l’on comprend bien pourquoi, elle tente d’entraîner dans son sillage tous les pouvoirs usés, tous les conservatismes, voire même certaines démocraties qui doutent.
Sa prise de position face à la révolte populaire de milliers d’Égyptiens est édifiante : "La Chine suit ce qui se déroule en Égypte et espère que l’Égypte pourra maintenir sa stabilité sociale et l’ordre public", a déclaré aux journalistes le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Hong Lei le 31 janvier 2011. [1]
Un peu court comme message de solidarité de la part d’un pays dont la constitution se réfère encore aux principes de l’internationalisme prolétarien, devenu certes le "Léninisme de marché". Car si l’on entend les slogans des manifestants, de plus en plus nombreux dans le monde arabe, c’est précisément contre cet immobilisme social et cet ordre étouffant que l’on descend dans la rue au Caire comme à Tunis.
Pour éviter toute contagion, la police de l’information chinoise a décidé de censurer carrément le mot "Égypte" sur les sites de micro-blogging, les équivalents chinois de Twitter (lui-même censuré en Chine).
Ainsi une requête avec le mot "Égypte" le 29 janvier dernier déclenchait la réponse suivante : "Selon les lois en vigueur, le résultat de votre recherche ne peut être communiqué". Les 450 millions d’internautes chinois en rient encore, car bien sûr, ils disposent d’autres moyens d’accès à l’information. Mais l’intention est là. Et hélas, comme dans le cas tunisien, la langue de bois chère aux diplomates de tous les pays s’est déjà laissée contaminer par le cheval de Troie "stabilitaire".
Pour en venir au Tibet qui nous est cher, combien de fois, et singulièrement en 2008 lors des révoltes populaires noyées dans le sang, Pékin a-t-il joué de cette ambiguïté.
Disons-le avec tous ceux qui sont aujourd’hui dans l’arène pour conquérir leur liberté et ne cherchent nullement le chaos : la meilleure stabilité est celle qui résulte du mouvement social, de l’alternance démocratique et du respect du droit.
Jean-Paul Ribes
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