Au Kham, nouvelle campagne de signatures visant à dénoncer le Dalaï Lama et Lobsang Sangay
vendredi 27 avril 2012 par Rédaction , Monique Dorizon
Les autorités chinoises ont lancé une campagne exigeant des nomades tibétains de la région du Kham (actuelle province du Sichuan) leur signature sur un document dans lequel ils renient leur chef spirituel, le Dalaï Lama, et le Premier ministre tibétain en exil, Lobsang Sangay, selon une source tibétaine en exil.
Atuk Tseten, Tibétain vivant actuellement dans le sud de l’Inde, a déclaré que la police chinoise avait contraint des nomades du Comté de Lithang, Préfecture de Kardzé, à signer le document, en les soumettant à des brutalités et des tortures s’ils refusaient.
La campagne a été lancée il y a deux mois dans le village de nomades de Mola, ville natale du père du Kalon Tripa [1] [2] Lobsang Sangay, rapporte un ancien habitant du Comté de Lithang à Radio Free Asia.
Dans un premier temps, dit-il, les autorités avaient dit aux nomades qu’ils devaient signer le document s’ils voulaient obtenir un ingrédient utilisé dans la médecine tibétaine traditionnelle.
"Quand la campagne de signatures a été lancée, les autorités ont expliqué que la campagne servait à prévenir les conflits dans la récolte du champignon cordyceps", raconte Atuk Tseten.
"Cependant, deux jours avant le début de la campagne, les Tibétains se sont rendu compte que le document qu’ils avaient dû signer ne concernait pas le champignon Cordyceps, mais contenait sept clauses condamnant le Dalaï Lama et Lobsang Sangay".
Selon Atuk Tseten, le document contient des clauses qui équivalent à un rejet de la proposition de Lobsang Sangay de négocier une visite du Dalaï Lama au Tibet et une critique du Dalaï Lama pour avoir prétendument soutenu les auto-immolations perpétrées par des Tibétains en signe de protestation contre la domination chinoise au Tibet.
Les autorités chinoises ont considéré ces personnes comme des terroristes et ont critiqué le Dalaï Lama pour la situation tendue. Ils accusent le chef spirituel d’encourager ces manifestations qui, disent-ils, vont à l’encontre des enseignements bouddhistes.
Mais le Dalaï Lama a accusé la Chine de politique "impitoyable et illogique" vis-à-vis du Tibet du fait de ces manifestations.
"Les nomades ont ressenti de la colère quand ils ont réalisé la vérité" poursuit Atuk Tseten, "et ne voulaient pas signer le document".
"Deux Tibétains de Mola ont signé le document sans se rendre compte du contenu du document. La communauté était si en colère contre ces deux Tibétains qu’ils ont menacé de les exclure", a-t-il dit.
"Cependant, quand ils ont réalisé qu’ils avaient ignoré le contenu réel du document, ces deux personnes ont dû seulement payer une amende de 500 yuans (60 euros environ) pour l’avoir signé".
Plus récemment, poursuit Atuk Tseten, 300 à 400 membres du personnel gouvernemental et de la police, en uniforme noir, sont arrivés dans le village de Mola et ont appelé les Tibétains locaux à se réunir, exigeant qu’ils signent le document.
"Quand ils demandèrent si quelqu’un avait des inquiétudes, (tout d’abord) personne ne dit mot". "(Mais) lorsque la police a demandé à une vieille dame s’il y avait un problème, elle a dit que la seule douleur qu’elle connaissait était la mort de ses deux frères entre les mains des Chinois".
Atuk Tseten a déclaré que les autorités se sont mises très en colère quand ils ont entendu cela et se sont rendu compte que personne dans le village ne coopérerait.
"Quand ils ont refusé de signer, plusieurs Tibétains de tous âges et des deux sexes ont été sévèrement battus. Beaucoup d’entre eux ont même été contraints de se raser la tête et ont subi des pressions pour signer le document".
"Cette campagne de signatures a généré de nouvelles tensions dans la région de Lithang", selon Atuk Tseten.
Source : Radio Free Asia, 25 avril 2012
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[1] Kalon Tripa est le nom tibétain équivalant au Premier ministre
[2] Lobsang Sangay est né à Darjeeling, en Inde. Son père était moine dans un monastère détruit lors de l’invasion chinoise de l’est du Tibet. Plusieurs villages ayant le nom de Mola dans l’est du Tibet, nous ne pouvons certifier le lieu exact.
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