Analyses chinoises sur l’éducation et la religion tibétaines
vendredi 10 décembre 2010 par Monique Dorizon
La chine vise à enseigner le chinois mandarin aux ruraux tibétains avant leur entrée à l’école.
Xinhua, l’agence de presse officielle chinoise, citant le 3 décembre 2010 un porte-parole du Bureau de l’éducation de la "Région autonome du Tibet", se demande : "Est-ce la religion ou juste le manque d’éducation qui maintient les ruraux tibétains en situation de pauvreté ? Actuellement 24,5 % seulement des enfants habitant les zones d’agriculture et d’élevage de la "Région autonome du Tibet" (TAR) fréquentent l’école maternelle". Lors d’un séminaire à Pékin, en novembre 2010, un chercheur tibétain travaillant pour le gouvernement chinois avait déclaré que les ruraux tibétains étaient pauvres "parce qu’ils mettent trop d’argent dans la religion".
L’article indique qu’actuellement les autorités éducatives de la "Région autonome du Tibet" établissent des plans afin de s’assurer que, d’ici à 2015, tous les enfants des régions d’agriculture et d’élevage reçoivent au moins deux ans d’enseignement préscolaire gratuit en langue tibétaine et en mandarin.
"Alors, au moins 60 % des enfants iront en maternelle", a déclaré le porte-parole.
Ce changement, financé par le Gouvernement central chinois, améliorera la compétence des enfants en tibétain et en mandarin et préparera à l’enseignement scolaire formel, est-il dit.
La Convention sur les droits de l’enfant des Nations-unies exige que les enfants reçoivent leur éducation précoce dans leur langue maternelle [1]. Toutefois, le rapport de Xinhua dit clairement que les enfants se verront enseigner toutes les matières en chinois mandarin, avec le tibétain enseigné comme sujet linguistique. Cela explique peut-être pourquoi le programme sera en option et, éventuellement, obligatoire. Le rapport dit clairement que l’objectif de l’éducation de la maternelle sera de préparer les enfants à l’éducation scolaire formelle qui est donnée en chinois mandarin.
La Chine est actuellement lancée dans un processus de mise en œuvre d’une politique d’enseignement de toutes les matières en mandarin, avec le tibétain enseigné uniquement en tant que langue. Cette politique a conduit à des protestations à grande échelle dans les régions tibétaines des provinces du Qinghai et de Gansu ainsi que dans la province du Sichuan. [2]
Le rapport souligne que l’éducation en maternelle pour les enfants issus de familles rurales et nomades est gratuite, alors que les citadins de la "Région autonome du Tibet" devront encore payer pour l’éducation préscolaire de leurs enfants, tout comme ailleurs, dans la République populaire de Chine.
Le rapport dit aussi que les frais de scolarité, ainsi que les frais de logement et de nourriture sur les campus, sont gratuits pour tous les élèves du primaire et secondaire des familles des bergers tibétains depuis 1985. La question qui demeure est : pourquoi malgré cela, même dans les écoles de la maternelle, le taux de présence est-il si faible ?
Un ou deux jours plus tôt, lors du 1er Forum de Tibétologie de Qomolangma [3], qui s’est conclu à Pékin le 24 novembre dernier, Luorong Zhandu, chercheur de l’Institut d’économie sociale du Centre de Tibétologie de Chine, a déclaré que les ruraux tibétains dépensent un tiers de leur revenu annuel dans les services et les objets religieux. Le 25 novembre, le site du "Tibet news service" affirmait que cela empêche les gens d’investir dans l’industrie, entrave l’amélioration du niveau de vie de la population et le développement de la production locale.
Source : Tibetan Review, 5 décembre 2010
[1] Dans cette convention, noter en particulier les articles :
29 Observation générale sur son application
c) Inculquer à l’enfant le respect de ses parents, de son identité, de sa langue et de ses valeurs culturelles, ainsi que le respect des valeurs nationales du pays dans lequel il vit, du pays duquel il peut être originaire et des civilisations différentes de la sienne ;
30
Dans les Etats où il existe des minorités ethniques, religieuses ou linguistiques ou des personnes d’origine autochtone, un enfant autochtone ou appartenant à une de ces minorités ne peut être privé du droit d’avoir sa propre vie culturelle, de professer et de pratiquer sa propre religion ou d’employer sa propre langue en commun avec les autres membres de son groupe.
[2] Voir les articles :
"Manifestation de 6 000 collégiens tibétains à Rebkong", du 20/10/2010
"Poursuite des manifestations d’étudiants au Tibet.", du 25/10/2010
"Résolution du Parlement européen du 25 novembre 2010 sur le Tibet - projets visant à imposer le chinois comme principale langue d’enseignement", du 26/11/2010
[3] Qomolangma est le nom tibétain de l’Everest. Le 1er Forum de Tibétologie Qomolangma s’est tenu à Pékin les 23 et 24 novembre 2010, réunissant une centaine de spécialistes chinois du Tibet de différents instituts ou universités du pays, exposant l’état de leurs recherches sur l’économie, la politique, l’histoire, la religion et la médecine tibétaine. Source : China Tibet online.
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