A Pékin, le parc des minorités ethniques est surtout consacré à la majorité han
samedi 16 août 2008 par Rédaction
Tout près du Stade olympique, le Parc des cultures ethniques à Pékin présente ce qu’il appelle des "reproductions exactes" de la vie des 56 minorités de Chine. Ne manque que les véritables minorités.
"Il n’y a aucun Ouïghour ici", assure un garde de sécurité de l’ethnie han, majoritaire en Chine. "Cela fait plusieurs années qu’il n’y en a pas".
Les Ouïghours sont des habitants de l’ouest de la Chine. Turcophones et musulmans, ils forment l’ethnie majoritaire de la province du Turkestan oriental (Xinjiang en chinois).
Dans la zone consacrée à l’ethnie mongole, trois femmes en robe traditionnelle conversent en parfait mandarin. Elles insistent qu’elles sont bien mongoles mais, quand on leur demande de traduire en mongol des phrases simples telles que "bienvenue aux Jeux olympiques de Pékin", elles semblent caler.
"Certaines expressions sont plus dures à traduire dans notre langue", affirme l’une d’elles.
Dans la section consacrée au Tibet, avec une réplique miniature du Potala de Lhassa, une jeune femme tibétaine explique être originaire de la province du Qinghai et non justement du Tibet, où de violentes manifestations anti-chinoises avaient éclaté en mars.
Le Parc des cultures ethniques de la capitale chinoise a été en théorie créé pour se consacrer aux différentes populations formant la Chine.
A la suite d’une traduction très approximative, l’endroit avait été fâcheusement baptisé en anglais "Parc raciste". L’erreur a depuis été
rectifiée.
Reste que toutes les ethnies sont loin d’être sur un pied d’égalité. Celle des Hans, qui représentent environ 90% des Chinois, occupe une place prédominante.
Le lieu fait penser au "truquage" de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Pékin, au cours de laquelle des enfants faussement présentés comme issus des 56 ethnies officielles ont été mis en scène. Les petits danseurs qui ont défilé dans le stade national étaient en fait tous de la communauté majoritaire han, même s’ils portaient un vêtement traditionnel tibétain, mongol, ouïghour, miao ou mandchou.
Interrogé le 15 août 2008 sur la question, le vice-président du comité d’organisation a estimé que la presse était "trop pointilleuse".
"Je ne vois pas en quoi le lieu d’origine des enfants pose problème", a déclaré Wang Wei. Le programme officiel distribué à la presse étrangère mentionnait la chose suivante : "Cinquante-six enfants des 56 groupes ethniques chinois entourent le drapeau national chinois, représentant les 56 groupes ethniques".
Cette affaire, qui survient au moment où la Chine a fort à faire avec des minorités "rebelles" au Tibet ou au Xinjiang (province des Ouïghours), pourrait constituer la troisième controverse ternissant la cérémonie chorégraphiée par le réalisateur Zhang Yimou.
Les organisateurs des Jeux ont déjà dû concéder que le programme télévisé comportait des images truquées et prémontées de feux d’artifice.
Le directeur musical du spectacle a ensuite reconnu qu’une fillette chinoise qui avait chanté lors de la cérémonie l’avait fait en play-back, la
véritable chanteuse n’étant "pas assez jolie pour passer à l’écran".
Les organisateurs ont par ailleurs fini par admettre cette semaine qu’une célèbre danseuse chinoise avait été victime d’un "grave" accident lors d’une répétition de la soirée (vertèbre fracturée en tombant d’une hauteur de 5 m)
Les autorités chinoises n’y ont pas vu matière à polémique. Les organisateurs de la cérémonie télédiffusée dans le monde entier ont affirmé qu’il était "tout à fait habituel pour un spectacle chinois" de déguiser des enfants en tenues régionales.
Pour des publics étrangers, cela peut être considéré comme une absence de sensibilité à l’égard des minorités ethniques, mais en Chine une telle chose est fréquente, a confirmé Dru Gladney, expert des minorités chinoises.
"Je ne serais pas étonné que certaines minorités ethniques en Chine s’estiment insultées, mais en fait elles y sont habituées", déclare ce
professeur à l’Université de Pomona de Los Angeles.
"En Occident nous sommes obsédés par l’authenticité dans de tels domaines mais c’est différent en Chine. J’imagine que cela ne poserait aucun problème à beaucoup de Chinois", a ajouté M. Gladney.
Source : AFP 16 août 2008
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