COMITE DE SOUTIEN AU PEUPLE TIBETAIN
Paris, le 26 août 1999
Monsieur James Wolfensohn,
Président de la Banque Mondiale,
World Bank,
1818 H. Street,
N.Y. USA
Fax 001 202 522 03 55
Monsieur le Président,
Lors du débat sur le projet « Réduction de la pauvreté » en Chine, et sur sa partie la plus controversée, à savoir le déplacement de 58 000 colons en majorité han et hui dans une zone historiquement tibétaine et mongole, le gouvernement chinois avait invité journalistes et experts indépendants à venir sur place constater la validité de ses arguments.
Deux chercheurs, l'un australien, l'autre américain, ont cru en la parole de la Chine.
Mal leur en a pris. Malgré des visas en règle, ils ont été arrêtés.
L'un, Gabriel Lafitte, a été expulsé après une semaine d'interrogatoires, et forcé à confesser des fautes imaginaires. L'autre, Daja Meston, est dans un état grave et restera peut-être infirme à vie suite à ce que la police chinoise a appelé une « tentative d'évasion ».
Leur accompagnateur et interprète tibétain, M. Tséring Dorje, a été conduit vers une destination inconnue. Il risque d'être condamné à une peine de prison et de subir des mauvais traitements.
Il ressort de la mésaventure de ces chercheurs indépendants de bonne foi que la Chine a bien quelque chose à cacher, et n'admet des relations avec la population que sous son étroit contrôle.
Comment pouvez-vous dès lors valider le travail d'experts puisque la preuve est faite qu'il n'est pas possible de travailler librement dans cette région ?
A la lumière de ces événements, nous vous demandons instamment de réexaminer sérieusement ce projet.
De surcroît, nous vous exprimons nos inquiétudes sur le sort de M. Tséring Dorje, et nous vous prions d'intervenir avec toute votre autorité auprès des responsables chinois pour qu'il soit libéré sans tarder.
Il nous semblerait tout à fait contraire à l'idéal et à l'éthique de la Banque Mondiale d'apporter des facilités à un état qui maltraite ainsi ses citoyens et respecte si peu la parole donnée.
Nous le savions, la preuve en est à nouveau faite, à vous d'agir en conséquence.
Croyez, Monsieur le Président, en nos sentiments les plus respectueux.
Le Président
JP Ribes
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