« Grève de la faim à New-Delhi » (10 mars au 15 mai 1998)

Lettre ouverte adressée à M. Lionel Jospin, Premier Ministre, par M. Philippe Wagner

Beauvais, le 17 avril 1998

Monsieur le Premier Ministre,

Depuis plus de 37 jours, six tibétains, âgés de 20 à 70 ans, poursuivent une grève de la faim à Delhi, "jusqu'à la mort" disent-ils.

Leur demande : que l'O.N.U. rouvre le dossier tibétain, qu'un envoyé spécial soit chargé de recueillir les informations sur le terrain, qu'un rapporteur spécial examine les solutions possibles.

Le Secrétaire Général de l'O.N.U., le 15 avril dernier, a témoigné son admiration pour ces personnes et sa préoccupation concernant le Tibet. Mais il pense que l'initiative de toute action revient aux Etats membres.

Après 37 jours de grève de la faim, la vie devient très fragile.

Ayant mené moi-même récemment une "petite" grève de la faim d'une douzaine de jours devant l'Ambassade de Chine, je suis plein d'admiration pour ces courageux tibétains.

Je pense qu'une parole de compassion et d'espoir, laissant entendre l'engagement de la France dans la recherche d'une solution juste, peut encore leur sauver la vie.

D'un côté, six personnes, symboles d'un peuple opprimé, réduit au silence, six hommes qui préfèrent donner leur vie plutôt que de prendre celles de leurs oppresseurs, de l'autre, la froideur glaciale des Etats, l'indifférence, les intérêts financiers. Est-ce cela la politique ?

Monsieur le Premier Ministre, ne restez pas silencieux. La vie de ces six tibétains est précieuse, la vie du peuple tibétain est précieuse.

Respectueusement,

Wagner Philippe