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« Grève de la faim à New-Delhi » (10 mars au 15 mai 1998)
Un Beauvaisien en lutte pour le Tibet
Article paru dans Le Courrier Picard (le 18 mai 1998)
Philippe Wagner s'est enchaîné vendredi à la grille de l'ambassade de Chine à Paris.
DÉLÉGUÉ du Comité de soutien au peuple tibétain pour l'Oise (CSPT), Philippe Wagner
est animateur socio-culturel à Beauvais. Il est allé plus loin dans son action militante en particulier à la suite des évènements de New-Delhi, où un Tibétain s'est immolé par le feu.
Vendredi à 9 h avenue Georges-V à Paris, il s'est arrimé à la grille de l'ambassade de Chine avec un « U » anti-vol de moto, tandis qu'un autre militant du CSPT s'y enchaînait. Les forces de police appelées par l'ambassade, n'ont pas traîné pour arriver sur les lieux.
Couper une chaîne ne pose pas de problème. L'un des deux manifestants a été
rapidement évacué et les drapeaux du Tibet descendus. Restait le problème de l'antivol en titane sur lequel les plus grosses cisailles ont été sans effet.
Philippe a réussi une action spectaculaires puisqu'il voulait rester le plus longtemps
possible sur le mur de l'ambassade en criant « liberté au Tibet ».
Au bout de trois quarts d'heure d'efforts, dans un climat de relative agitation au sein de la police, l'antivol a été coupé vers 10 h 45. Au passage, Philippe Wagner recevait
un coup de genou, et un poing s'abattait sans grand dommage pour le manifestant qui,
après avoir résisté, partait dans un panier à salade en direction du commissariat.
Du côté de l'ambassade de Chine, personne ne s'est montré sur le trottoir. Il était exclu
pour les journalistes de poser la moindre question à un quelconque attaché. Les médias sont pour la plupart arrivés en retard en raison de la diffusion tardive du communiqué, mais ceux qui étaient là pendant l'opération se sont très vite fait refouler sur
le trottoir opposé, et sans courtoisie aucune, par la police.
De la DST aux raisons de Philippe
La grève de la faim de septembre 1997 entreprise devant la même ambassade par Philippe Wagner avait provoqué la venue à Beauvais d'un policier de la DST (Défense de la sécurité du territoire).
Ce jeune policier avenant avec lequel nous avions également dialogué, n'avait pas caché les « risques » encourus par Philippe Wagner. La DST lui a alors conseillé une certaine prudence, « de penser qu'il a une famille », des mots lourds de sous-entendus.
Et les journalistes pourraient être vivement invités à se taire, avait lancé le policier... Mais pas question de dire qui risquerait d'intervenir si l'affaire prenait de l'ampleur.
Pourquoi cette action en faveur du Tibet, alors que la terreur sévit dans d'autres pays
(Afghanistan, Rwanda, etc...) ?
Philippe Wagner relève en substance pour le Tibet, qu'à part les reportages sur le
Dalaï-Lama et quelques articles certes documentés, mais rarement « engagés », personne ne s'est encore érigé de manière significative contre le « génocide » du peuple tibétain.
Selon le CSPT, ce massacre est organisé, programme, presque méthodique, et il ne peut conduire qu'à une extermination de ce peuple par le gouvernement chinois. On n'en parle pas en raison d'intérêts économiques notamment engagés entre la France et la Chine.
Yves Rome et Alain Vasselle
Toutes ces « raisons » ne peuvent pas plus servir d'alibi à la Chine qu'au silence du reste du monde, estime le Beauvaisien. Danielle Mitterrand, au nom de France liberté, le sénateur de l'Oise Alain Vasselle ou encore le député Yves Rome (pour ne citer qu'eux parmi de nombreux parlementaires français), ont pris position sur le problème du Tibet.
Yves Rome a écrit au Premier ministre Lionel Jospin. Le député « soutient le combat de Philippe Wagner pour l'éveil de la conscience internationale sur cette question, même si cela peut ressembler à la lutte du pot de terre contre le pot de fer ».
Il demande à Lionel Jospin de lui faire connaître « l'action engagée ou envisagée par le gouvernement sur cet épineux problème qui doit interpeller la patrie des Droits de
l'Homme... afin de préserver, si ce n'est l'indépendance, au moins la survie du peuple
tibétain et de sa culture ».
Alain Vasselle attire pour sa part l'attention du ministre des Affaires étrangères « sur l'annexion du Tibet à la Chine sans qu'aucune puissance occidentale ne relève
publiquement cet état de fait... », et il demande lui aussi que lui soit indiquée « la position ministérielle... afin de sensibiliser les autorités chinoises sur les légitimes revendications du peuple tibétain... »
Souhaitons que l'action courageuse de Philippe Wagner trouve plus d'échos, et qu'il ne
fasse pas, lui aussi, les frais de l'inertie mondiale.
François MORATI.
Le Courrier Picard (18 mai 1998)
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