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Tibet-info > actions > grève de la faim à New-Dehli (1998)
« Grève de la faim à New-Delhi » (10 mars au 15 mai 1998)
Déclarations du Dalaï lama
- Le Tibet est « à une période charnière » (1er mai 1998)
Le Tibet est « à une période charnière », a estimé jeudi soir à New York son chef spirituel en exil, le dalaï-lama.
« Nous sommes à une période charnière, les quelques années à venir seront cruciales », a déclaré le dalaï-lama lors d'une cérémonie récompensant du
prix « Lumière de vérité » le réalisateur Martin Scorcese et la scénariste
Melissa Mathison pour leur film "Kundun", qui raconte son enfance.
L'acteur Richard Gere, président de la Campagne internationale pour le Tibet, et Richard Holbrooke, ancien secrétaire d'Etat américain adjoint, médiateur dans le dossier chypriote et défenseur de longue date de la cause tibétaine, présentaient les récipiendaires.
« D'un côté, nous sommes réellement en danger de disparaître », a-t-il expliqué devant plusieurs milliers de personnes massées dans une synagogue de la Cinquième Avenue.
« En même temps, nous avons un grand espoir de changement, à cause des
Chinois », a-t-il poursuivi dans un anglais hésitant.
« La Chine est en train de changer, elle est, par comparaison, beaucoup plus
ouverte qu'il y a un an », a-t-il précisé.
« Une des raisons pour lesquelles un nombre toujours plus important de Chinois prennent conscience de la véritable situation du Tibet est la pression du monde extérieur », a ajouté le dalaï-lama.
Contrairement à ce qu'avaient annoncé ses représentants aux Etats-Unis, le leader spirituel tibétain n'a pas néanmoins lancé d'appel au président américain Bill Clinton pour qu'il fasse pression sur Pékin lors de son voyage prévu pour fin juin.
Le dalaï-lama a expliqué avoir rendu visite mardi, sur son lit de mort, au Tibétain qui s'est immolé par le feu à New Delhi pour protester contre la domination chinoise sur le Tibet et qui a succombé le lendemain à ses blessures, pour l'enjoindre de « ne pas avoir de sentiments négatifs envers nos frères chinois ».
« Je lui ai apporté un peu de paix de l'esprit », a-t-il estimé, expliquant que dans sa nouvelle vie le suicidé aurait besoin de « toutes les bonnes choses qu'il a créées ».
« Nous ne devons pas chercher à nous séparer de la Chine », a-t-il expliqué,
« notamment pour des raisons économiques : nos richesses spirituelles ne
peuvent pas remplir nos magasins ».
Le dalaï-lama a entamé jeudi une visite de quinze jours aux Etats-Unis, marquée par plusieurs conférence et par une rencontre, mardi à New York, avec un groupe de neurochirurgiens pour confronter médecine occidentale et méditation. Sources : 3615 Tibet info (CSPT), AFP
- Déclaration du Dalaï Lama (28 avril)
Le 28 avril 1998
« Six Tibétains ont récemment entrepris une grève de la faim jusqu'à la mort, sous les auspices du Congrès de la Jeunesse Tibétaine. Lorsque j'ai rendu visite à ces grévistes au début de ce mois, je leur ai déclaré que j'étais opposé à toute forme de violence, y compris à une grève de la faim pouvant entraîner la mort.
Hier, nous avons été les témoins d'un bien tragique événement, celui d'un Tibétain s'étant immolé. Tout ceci m'attriste profondément. Pendant de nombreuses années, je suis toujours parvenu à persuader le peuple tibétain de ne pas avoir recours à la violence dans notre lutte pour la liberté. Aujourd'hui, il est clair qu'un sentiment de frustration et de désespoir est en train de se répandre parmi de nombreux Tibétains, ainsi qu'en témoignent cette grève de la faim, où le pire a été de justesse évité, et le tragique incident d'hier.
Cette frustration trouve son origine dans le fait que le peuple tibétain et son héritage culturel tout à fait unique sont peu à peu en train de disparaître. C'est une tragédie pour le monde entier, car la culture tibétaine constitue un apport positif énorme pour le reste du monde, en particulier pour les milliers de nos frères et soeurs chinois. Bien que je ne sois pas en accord avec la méthode choisie par eux, j'admire la force de la motivation et la détermination de ces Tibétains. Ils étaient prêts à mourir non pour des objectifs égoïstes, mais au nom des droits des six millions de Tibétains et pour la survie de leur culture. J'en appelle à la communauté internationale afin qu'elle intensifie de façon conséquente son soutien à la cause du Tibet. J'en appelle aux gouvernements et comités internationaux afin qu'ils renouvellent leurs efforts pour résoudre le problème du Tibet de façon pacifique. »
Source : Bureau du Tibet Paris
N 980428
- Dalaï Lama et grévistes de la faim (2 avril)
Delhi, le 2 avril. Avant de s'envoler pour un séjour d'une semaine au Japon, où il est invité par une organisation bouddhiste de Kyoto, le Dalaï Lama a rendu visite aux grévistes de la faim, qui en étaient alors à leur 23ème jour de jeûne. Le Tibetan Youth Congress, organisateur de cette grève illimitée, lui avait demandé de ne pas se rendre sur place et surtout de ne pas tenter de dissuader les six Tibétains de poursuivre leur mouvement.
Passant outre, le Dalaï Lama a tenu à leur exprimer son « admiration pour leur détermination et leur enthousiasme ». Bien sûr, en tant que moine bouddhiste, il était de son devoir de leur recommander de prendre soin d'eux-mêmes, mais devant la souffrance imposée aux Tibétains par l'occupation chinoise, un tel geste de solidarité n'a rien de négatif ou de condamnable.
Il leur a fait part de son embarras devant l'obstination de la Chine à refuser toute négociation et a écrit la phrase suivante sur le « livre des visiteurs » :
« J'admire et j'apprécie la forte détermination de ceux qui prennent part à ce mouvement qui provoque en nous beaucoup d'émotion et de tristesse. »
Plusieurs personnes ont fondu en larmes à l'issue de cette visite, marquée par l'affection et la détermination renforcée des grévistes de la faim.
N 980406
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