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Menace sur le Tibet
TIBET : UN SURVOL
Le Tibet recouvre une superficie de deux millions et demi de kilomètres carrés : cinq fois la France, l'équivalent de la Communauté européenne. Cet immense et rude pays est très peu peuplé, six millions de Tibétains seulement.
En 1949 la République Populaire de Chine envahit le Tibet puis l'occupe, en violation des lois internationales. Résistance et répression culminent le 10 mars 1959 au cours du soulèvement national contre les Chinois. L'armée écrase la révolte dans le sang, faisant 87 000 morts en 18 mois parmi les Tibétains du seul Tibet central, et ce d'après les sources chinoises elles-mêmes. Sa Sainteté le Dalaï Lama et plus de cent vingt mille autres Tibétains sont contraints à l'exil. On estime à un million deux cent mille le nombre des Tibétains morts du fait de l'occupation chinoise, soit un habitant sur cinq. Plus de la moitié du Tibet a été détachée et adjointe aux provinces chinoises mitoyennes. Seuls le Tibet central (l'U-Tsang) et une partie du Tibet oriental (le Kham) forment ce qui est appelé « Région Autonome du Tibet ».
Depuis l'invasion chinoise, la faune, la flore, les forêts et les minéraux sont exploités au seul profit des Chinois. L'occupant exporte ces ressources naturelles vers la Chine et d'autres pays, ou bien les réserve sur place à l'usage des colons chinois.
Le Dalaï Lama, chef d'Etat et chef spirituel du Tibet, croit profondément à la non-violence. Il travaille sans relâche à la solution pacifique des problèmes sino-tibétains
L'ECOLOGIE DU TIBET D'AUTREFOIS
Jusqu'en 1949 le Tibet abritait une flore et une faune extrêmement riches : plus de cinq cents espèces d'oiseaux. Cette diversité s'est préservée au fil du temps grâce à la croyance bouddhiste en l'interdépendance entre humains, animaux, plantes et éléments naturels, croyance qui empêche l'exploitation aveugle de l'environnement. Nombre d'espèces animales et végétales sont spécifiques au Tibet.
Les plus grands fleuves d'Asie prennent naissance dans les montagnes tibétaines : l'Indus, le Brahmapoutre, le Salouen, le Mékong, le Yang-tsê Kiang et le Houang Ho ou Fleuve Jaune. Sa faune, sa flore, ses forêts vierges et ses grands cours d'eau font du Tibet la source de vie d'une zone bien plus vaste que son propre territoire. C'est pourquoi l'environnement du Tibet revêt une importance capitale pour l'équilibre écologique des pays voisins.
« Jamais je n'aurais imaginé qu'il pût exister autant d'oiseaux au même endroit. La vie animale foisonnait dans la campagne, et on voyait yaks et gazelles en abondance. »
Le capitaine C.G. Rawlings, chef de l'expédition britannique de 1903-1904 au Tibet.
DESTRUCTION DE LA VIE SAUVAGE
Avant l'invasion chinoise, la chasse au Tibet était réglementée par décret du gouvernement.
Aujourd'hui, la plupart de la faune sauvage a disparu : non seulement les restrictions n'ont pas été renforcées, mais la chasse aux espèces en voie de disparition a été encouragée.
Quelques aperçus :
- Le léopard des neiges (panthera uncia), trop chassé et parfois même braconné à l'arme automatique, est en voie d'extinction. Une peau se vend entre 30 et 50 $US dans la région de l'Amdo (Qinghaï en chinois).
- Exportation de laine d'antilope du Tibet (pantholopes hodgsoni). On soupçonne aussi le trafic de la viande de mouton bleu sauvage (pseudois nayaur). Braconnage toléré du yak sauvage (bos grunniens), environ cent têtes en vente en juillet 1992 à Xining (Amdo).
- Pour des prix s'échelonnant de 7900 $US à 35 000 $US - sans le billet d'avion -, les chasseurs du monde entier peuvent venir au Tibet tirer dix-sept sortes d'animaux sauvages dont l'antilope et l'argali (ovis ammon), espèces pourtant protégées, grâce à l'agence « Klineburger Worldwide Travel ». Les autorités chinoises cherchent désormais à étendre ces abattages lucratifs.
- Les colons chinois ont déboisé sans retenue pour construire des logements ou cultiver, au détriment de l'habitat des oiseaux et mammifères sylvestres.
DEBOISEMENT
Les forces d'occupation chinoises sont en train de détruire de façon irréversible l'écologie fragile du haut plateau tibétain. Les Chinois se livrent au déboisement industriel dans l'Est du Tibet, où ils emploient soixante cinq mille personnes à cette tâche. Dans certaines zones, 80% des forêts sont déjà détruites. D'après leurs propres estimations, les Chinois ont prélevé au Tibet, depuis 1959, pour 54 milliards de dollars US de bois.
Comme les fleuves d'Asie et leurs affluents prennent leur source au Tibet, les conséquences du déboisement se font sentir en aval à travers le continent entier : érosion des sols, ravinement, envasement, inondations.
EFFETS SUR LE CLIMAT DE LA PLANETE
De récentes études font valoir que la destruction des forêts de haute altitude affecte les jet-streams (vents rapides des couches élevées de la troposphère), ce qui influence le climat. Depuis plusieurs années déjà, on considère comme une menace pour le régime des climats de la planète les modifications des températures, des masses d'air et des précipitations engendrées par le déboisement du plateau tibétain.
Il est donc urgent, pour tous ceux qui se préoccupent d'écologie, de s'attaquer à la crise de l'environnement tibétain.
ENERGIE HYDRAULIQUE
En mai 1991, les Chinois ont démarré des travaux controversés, la construction d'une centrale hydroélectrique qui détruira l'écosystême du Yamdrok Tso, un lac pur et sacré, le troisième du Tibet par sa taille. Les Chinois veulent détourner les eaux du lac pour les faire tomber, 750m plus bas, dans le Brahmapoutre (en tibétain Tsangpo). Il s'agit de fournir l'électricité nécessaire aux colons chinois et aux industries polluantes et destructrices qu'ils veulent implanter. Cette centrale hydroélectrique peut vider le lac Yamdrok, un pas de plus vers la mort de la terre et de la culture du Tibet.
EXPLOITATION MINIERE
En chinois, Tibet se dit Xizang, ce qui signifie « la Maison des Trésors de l'Ouest ». Les autorités chinoises ont entrepris l'exploitation systématique des ressources minières.
La moitié des réserves mondiales d'uranium se trouve dans les montagnes autour de Lhassa. C'est au Tibet que gît 40% du minerai de fer « chinois », ainsi que d'immenses filons de charbon, d'or, de cuivre, de plomb, de borax et de pétrole.
DECHETS TOXIQUES ET NUCLEAIRES
De nombreux rapports prouvent que la Chine utilise ou prévoit d'utiliser le Tibet comme décharge de déchets toxiques et nucléaires :
- En 1984, la Chine a proposé un contrat à un consortium d'Allemagne fédérale, aux termes duquel, après avoir acheté de l'uranium extrait des mines tibétaines, les Allemands pourraient renvoyer les déchets radioactifs au Tibet. La Chine a offert d'en stocker là jusqu'à cinq mille tonnes entre 1984 et l'an 2000. Les modalités actuelles du contrat ne sont pas connues.
- En mars 1991, l'association Greenpeace a divulgué un plan visant à importer au Tibet les vidanges de la ville de Baltimore (Etats-Unis). Ces résidus d'égoûts - riches en métaux lourds - devaient porter la mention « engrais » et être qualifiés de « limon » pour le transport. Il est présumable qu'ils devaient être ensuite vendus ou distribués en tant que tels. A la suite de ces révélations, la ville de Baltimore a résilié le contrat.
MAUVAISE POLITIQUE AGRICOLE
Au cours des années 60, les Chinois imposent une réforme agraire qui cause la famine au Tibet. Le surpâturage en altitude mène à la disparition de plantes médicinales ou alimentaires et détruit en grande partie la nourriture dont se sustentent les animaux sauvages en hiver. Le surpâturage aggrave également l'érosion par les vents et le ravinement, et conduit droit à la désertification.
Les agriculteurs tibétains sont contraints par les autorités chinoises d'acheter et d'utiliser engrais et pesticides chimiques. Les paysans se plaignent de la pollution due à ces produits.
TRANSFERTS DE POPULATION
La Chine a entrepris la solution finale de la question tibétaine en submergeant la population du Tibet sous un afflux massif de colons chinois. Autrefois, les six millions de Tibétains vivaient à l'aise et d'une façon écologiquement équilibrée. Aujourd'hui, à Lhassa, la capitale, il y a environ cent mille Chinois pour cinquante mille Tibétains.
Comme la Chine le reconnaît elle-même, sa politique de transferts de population a causé « d'irréparables dégats écologiques à d'immenses étendues de plateau fragile » en Amdo. Les experts attribuent cette détérioration au surpâturage, au défrichement inconsidéré et à la dégradation volontaire de la végétation.
MILITARISATION
Le Tibet était jusqu'en 1949 un paisible état-tampon entre l'Inde et la Chine. Il abrite aujourd'hui trois cent mille soldats et un quart des missiles nucléaires chinois.
La Chine procède à des essais nucléaires à Lop Nor, à 200 km environ d'une ville, dans la partie méridionale de la province de Xinjiang, située au nord de la Région Autonome du Tibet. Cette province fait partie du Tibet, dont elle a été détachée administrativement par la colonisation. L'explosion souterraine du 25 sept. 1992, équivalente à moins de 20 kt de TNT, a provoqué une secousse de magnitude 5,2 sur l'échelle de Richter. L'essai précédent sur le même site, le 19 mai 1992, était le plus puissant jamais conduit par la Chine, 300 - 1 000 kt.
La militarisation du plateau tibétain affecte profondément l'équilibre géopolitique de la région et induit de sérieuses tensions internationales.
La présence militaire chinoise comprend :
- Entre 3 et 500 000 hommes, dont 200 000 (15 divisions) sont cantonnés en permanence dans la Région Autonome du Tibet.
- Dix-sept stations de radars secrètes ; quatorze aérodromes militaires.
- Cinq bases de missiles : Kongpo Nyitri, Powo Tamo, Rudok, Golmud et Nagchuka.
- Au moins huit missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), soixante-dix missiles à moyenne portée et vingt de portée intermédiaire.
PLAN DE PAIX EN CINQ POINTS
En septembre 1987 le Dalaï Lama a fait les propositions suivantes, rejetées par le gouvernement chinois :
- Abandon par la Chine de sa politique de transfert de population qui menace l'existence du peuple tibétain.
- Respect des droits fondamentaux et des libertés démocratiques des Tibétains.
- Restauration et protection de l'environnement naturel du Tibet ; cessation par la Chine de la production d'armes nucléaires au Tibet et du dépôt de déchets nucléaires au Tibet.
- Transformation de l'ensemble du Tibet en zone de paix.
- Début de négociations sincères sur le futur statut du Tibet et sur les futures relations entre les peuples tibétain et chinois.
Le Dalaï Lama est le premier lauréat du Prix Nobel de la Paix (1989) qui l'ait reçu, entre autres raisons, pour son oeuvre en faveur de l'environnement. Il a reçu aussi pour sa « contribution remarquable à l'éthique et à l'environnement » le Prix de la Terre, décerné pour la première fois en 1991.
« Nous connaissons beaucoup de sites, d'animaux, de plantes rares que les générations futures ne verront peut-être pas. Nous devons agir avant qu'il ne soit trop tard. Nous en sommes capables, nous en sommes responsables. »
Sa Sainteté le Dalaï Lama.
Al Gore, le vice-président des Etats-Unis, écrivait dans Earth in the balance, alors qu'il était sénateur du Tennessee :
« Les Tibétains n'ont pas le pouvoir d'empêcher les autorités chinoises de détruire l'environnement de leur patrie, car leur pays est occupé militairement par la Chine depuis plus de quarante ans. (...) Pour protéger efficacement l'environnement, il faut être libre, c'est une condition nécessaire. (...)
En fait, presque partout où le citoyen ordinaire n'a pas voix au chapitre dans les décisions qui concernent sa vie, il souffre et son environnement aussi. »
COMMENT AIDER
- Prévenir vos élus de vos inquiétudes à propos de l'environnement du Tibet.
- Intervenir auprès des organisations écologiques interna-tionales pour qu'elles se préoccupent de la destruction du Tibet.
- Ecrire aux journaux, radios et télés pour attirer leur attention sur la crise écologique au Tibet.
- Adhérer au Comité de Soutien au Peuple Tibétain et à ECO-Tibet.
Comité de Soutien au Peuple Tibétain : Secrétariat National : C.S.P.T. 174, Bd Eugène Decros 93260 Les Lilas. Fax : 01 30 90 88 25
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Association régie par la loi de 1901, Eco-Tibet se propose dans un but culturel et humanitaire de rassembler des informations de toutes sortes sur l'état de l'environnement dans la région et de mettre en oeuvre les moyens concourant à sa protection, tels que : édition, réunions publiques, missions humanitaires, opérations de solidarité...
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Edité par le CSPT et ECO-Tibet France
- juin 1999 -
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